Un regard à gauche, un regard à droite. Petit sursaut de frayeur. 1, 2, 3 … 4. C’est bon, ils sont tous là. On peut avancer. Doucement, quand même. J’aimerais aller plus vite -j’aimerais courir, en fait, pour sortir de cette obscurité opressante-, mais je risquerais de les perdre. S’ils sortent de mon champ de vision … Soudain, un bruit dans les buissons derrière. Merde, les 4 petiots s’enfuient dans la direction opposée. Vite, le premier est juste la ; le deuxième, le troisième … Putain, il en manque un, je cours. Il doit être devant. Je l’ai pas vu partir. De quel côté ? Pas le temps de refléchir, je cherche, je cherche … Puis, un petit gémissement qui s’éteint. C’est trop tard. Pas de cinématique, pas de musique dramatique, rien, pas le temps. Il faut continuer au plus vite. On reprend le pas. Un regard à gauche, un regard à droite. Petit sursaut de frayeur. 1, 2 … 3. C’est bon, ils sont tous là.
Shelter, c’est un de ces petits jeux à la patte graphique soignée et au concept original comme il en pullule sur Steam depuis l’ouverture du Steam Greenlight. Séduisant facilement pour peu qu’on adhère à l’esthétique, proposant une expérience un peu différente de ce qu’on trouve d’habitude (vous y incarnez un blaireau qui doit nourrir et protéger ses petits, et retrouver un abri, avant de se faire bouffer par tout ce qui vous attend dehors si possible), on craque facilement face à ces quelques promesses et le prix ridicule auxquels ils tombent à la moindre promotion.
Et à première vue, on est un peu craintifs. Maniabilité un peu rigide (même si elle reste très acceptable), gros (très gros) polygônes, textures avec lesquelles il vaut mieux garder ses distances, plein de petits défauts que l’on regrette d’autant plus que l’esthétique du jeu, calme et assez brute en même temps, est une des belles réussites du titre.
Mais le coeur de Shelter est la relation que vous devez entretenir avec votre progéniture virtuelle. De base, farmer de la nourriture pour boulet virtuel, ça n’a jamais été ma tasse de thé. Mais là, l’ambiance du jeu est agréable, les petits suivent bien, les quelques mécaniques de récolte et de chasse bien huilées, je me surprends même à perdre quelques minutes à me tapir dans les buissons puis à courir derrière une souris. (Qui finalement m’échappe, évidemment)
Puis, tout à coup, le premier danger apparaît. Je me surprends à avoir peur pour mes petits, mais ceux-ci ne sont pas bêtes, et j’arrive facilement au bout du niveau.
Petit twist. L’ambiance change totalement. Nouvel endroit, nouvelles règles, nouveaux dangers. C’est en variant fréquemment les situations malgré un rythme général calme, voire lent, que Shelter construit petit à petit avec nous une relation assez forte, tout en restant assez bref pour ne pas la laisser se perdre dans des temps morts. Plutôt que de nous lancer son concept en l’accompagnant d’un “Révolutionnaire ! Nouvelles expérience vidéoludique ! Sentiments dans les polygônes !”, l’équipe de Might & Delight s’est attardée sur les détails, la richesse de cette petite histoire qui, si elle est un peu chère hors promotion, s’avère plus prenante et touchante qu’il n’y paraît.
En bref, sous des abords de jeu pour gens à grosses lunettes, chemise type bucheron canadien et barbe impeccablement entretenue, Shelter est en fait une expérience pleine d’humilité, et qui se révèle attachante malgré sa courte durée de vie. On peut toujours critiquer le prix, mais si le principe vous tente et que vous tombez sur le jeu en promo, foncez !
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