Shelter
5.9
Shelter

Jeu de Might and Delight (2013PC)

Un jeu aux subtilités insoupçonnées.

Shelter ou le simulateur de vie de blaireau.


Dis comme ça, ça n'est pas très ragoûtant. Au vu de la bande annonce non plus, d'ailleurs. Le parti pris graphique a arraché plus d'une rétine, mais bon, soyons fous, j'ai tenté.


Le jeu se lance, première difficulté : sortir de sa tanière. Cette bougresse de mère, suivi de ses 4 petits, refuse d'en sortir. Soit, le jeu attend clairement quelque chose de nous, fouillons ladite tanière. Oh, un navet, allez je le choppe. Tiens, un truc gris, tentons d'appuyer sur une touche au hasard dessus mais oh, il se passe un truc, le truc gris bouge ! Oh en fait il se nourrit de mon navet. Et c'était pas juste un truc gris, mais un 5e petit qui était en train de crever là, sous mon nez. OK. L'ambiance promet.


Bon ben va pour 5 petits alors ! Allons vaguer en plein air, à nos activités de blaireau moyen, à savoir nourrir sa portée, avancer, nourrir sa portée, cueillir, nourrir sa portée, chasser, nourrir sa portée, se protéger des loups, nourrir sa portée, éviter les inondations, nourrir sa portée, éviter les incendies, nourrir sa portée, se cacher des rapaces et, enfin, nourrir sa portée.


Le premier run (et souvent le dernier au vu des avis que j'ai lu) sur ce jeu est déstabilisant. Les contrôles peu précis (mais le jeu ne demande pas à l'être), les situations parfois incompréhensibles (comme perdre des petits dans la nuit), la gestion étrange du rapace n'aident pas à vraiment se sentir à l'aise à la découverte de ce titre. Résultat : sur les 5 au départ, je finis le jeu, vaillamment, avec 1 petit.


Le jeu se terminant en à peine plus d'1h, je tente un second run pour faire le perfect. 3 petits.
3e run, 3 petits.
4e run, 4 petits.


Et c'est sur ces runs successifs que petit à petit se dévoile toute la subtilité du jeu, car oui, il en a une.


Elle prend la forme d'une empathie qui s'empare de nous, à force, vis à vis de cette mère blaireau qui ne vit que par et pour ses rejetons. Si au début l'on se dit volontiers "de toute façon les blaireaux ils se ressemblent tous", il s'avère que non. Les 5 sont repérables, et il devient même vital de les dissocier.


En effet, on ne s'en rend pas compte tout de suite, mais les petits ont chacun une jauge (invisible) de faim, ainsi qu'une croissance propre. Et c'est là que c'est fort, car le jeu n'affiche absolument aucun HUD, aucune barre d'énergie ou autre statistique, tout se fait à l'oeil et au jugé. C'est en comprenant cela que le joueur décide, ou non, de s'impliquer. Je me suis pris au jeu, et ai tenté de satisfaire équitablement aux besoins des 5 rejetons. En est sortie une relation particulière avec ceux-ci, à tel point que je suis allé jusqu'à leur donner des noms, et à ressentir un réel sentiment d'échec (je n'ose utiliser le terme de "deuil") lorsqu'un petit tombe d'épuisement ou pire, se fait emporter par un rapace !


De même, leur comportement évolue au cours de la partie. Craintifs lorsqu'ils sont petits, ils deviennent de plus en plus explorateurs, joueurs et indisciplinés en grandissant, à tel point que j'en venais à les engueuler comme j'engueule mon neveu lorsqu'il est pénible : trop marrant.


Voilà des sensations que je n'attendais pas du tout de la part de Shelter. Si au début je soupçonnais la nourriture des petits de n'être qu'un leurre cachant de vilains petits scripts cachés (j'ai à ce sujet tenté un run sans les nourrir, ils sont tous morts à peu près vers les 2/3 du jeu), il a bien fallu me rendre à l'évidence : ce jeu surprend pour qui gratte un peu.


Après, pour faire court : les décors étant faits d'une sorte de patchwork de tissu, j'avoue, c'est spécial. Mais comme beaucoup de choses dans la vie, on s'y fait.
La musique, elle, est d'une zenitude jazzy un peu feutrée, à tel point qu'elle m'a rappelée celle de Pid (et ô miracle, l'on se rend compte que c'est le même studio, mais c'est bien sûr !).


Jeu recommandé donc, mais à un public averti. C'est un jeu un peu à part. Tellement à part que malgré mon avis positif, je ne suis même pas sûr de vouloir jouer au 2. On verra.


Ah oui au fait : 5e run, 5 petits. Mission accomplie. Je peux désormais reposer en paix, le devoir accompli, et prendre ma place finale dans la grande Histoire de la Vie...

Kaiser-Panda
8
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le 11 sept. 2017

Critique lue 311 fois

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Kaiser-Panda

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