Show must go home
Le grand bouleversement qui a terrassé l'industrie du divertissement, au cours de ces 30 dernières années, tient en deux points. La fin d'une certaine possibilité d'émerveillement serait presque...
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le 3 août 2016
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Bien loin des éternels conflits de fanboys toujours plus vains et puérils, je tente de rester neutre et de garder une vision globale du conflit. Non, je ne préfère pas Marvel à DC, et vice et versa.
Je suis plus du genre à me méfier de tous les films de super héros qui pullulent dans nos cinéma, un genre bien souvent chef de fil de la médiocrité dans le septième art.
Et avant que le petit gros moche à lunette du fond de la classe ne s'insurge et me lance un "OUAIS DE TOUTES FAÇONS TU CRITIQUES PARCE QUE T'ES PAS UN GEEK TU COMPRENDS PAS NOTRE CULTURE" en bavant un peu à cause de l'appareil dentaire qu'il se coltine depuis ses 8 ans, je tiens à m'adressez à lui.
Sache que je suis certainement plus petit, plus gros et plus moche que toi (même si ma dentition est en parfaite état), ne t'avise donc pas de penser que tu représente plus que moi cette culture déviante dont je faisais partie bien avant que ce soit cool d'avoir un tee-shirt Batman ou Big Bang Theory.
En tant qu'éternel sceptique et rageux de première, je partais donc très peu confiant à cette séance de Suicide Squad. Déjà parce que moi et les films de super héros, ça fait généralement deux, mais surtout parce que les hordes de fanboys qui ont généralement l'habitude de mettre des 10 à tout bout de champ dès qu'ils aperçoivent un bouclier tricolore ou qu'un putain de rat volant pointe le bout de son nez, ont cette fois décidé de sortir les kalash comme à Marseille.
Si j'ai tout de même accepté d'aller au cinéma pour voir ce film, c'était pour trois raisons.
La première et plus importante, parce qu'avant d'aller me poser sur un siège en velours, je comptais bien faire le plein de gras et de poulet au KFC le plus proche.
La seconde, parce que j'avais une place gratuite qui arrivait à expiration.
Et la troisième, parce que je me suis dis que j'allais bien me marrer devant le bousin.
Alors là c'est le moment où vous vous indignez : "Ouais mais KND, gros connard, tu vas voir un film juste pour se foutre de sa gueule, forcément après tu fous une note de merde, c'est quand même pas cool, et bla bla bla et bla bla bla, regardez moi comme je suis intéressant ..."
Alors oui mais non. Certes j'y vais pour me foutre de la gueule de ce que je vois à l'écran, mais ça, c'est plutôt une chance pour le film. Pour moi, ce qu'il y a autours de l'écran est tout aussi important que ce qu'il y a dessus. L'atmosphère de la salle, l'ambiance et l'état d'esprit dans lequel je suis jouent un rôle prépondérant.
Je l'avais déjà expliqué dans mes critiques de John Wick et Star Wars VII (de la pub gratos que même adblock y pourra pas enlever).
En clair, un bon film devant lequel j'aurais passé un moment inoubliable, ne sera que bien plus encensé par mes soins, comme ce fut le cas cette année pour The Revenant.
Et un film mauvais ou sans plus qui m'aura fais passer un bon moment, me laissera un bon souvenir, et me fera fermer les yeux sur les moult imperfections dont il fait preuve, comme ce fut le cas il y a quelques temps pour Kick Ass 2 ou 96 heures.
Et puis ceux qui me connaissent bien savent que je suis un grand amateur de nanar bien dégoulinant, et donc si un film me fais rire par sa médiocrité, ça ne peut qu'être une bonne chose.
Il y a tout juste un an, je m'indignais déjà un peu sur l'état des grosses productions made in Uncle Sam (Et hop, encore un coup de pub au calme). Là, j'ai ressenti les dérives propres aux blockbusters de manière aussi intense que pour Jurrassic World.
Le casting est pauvre, dans le sens où là seule raison pour laquelle la plupart de ces acteurs ont été casté, est qu'ils sont bankable. Même si je dois avouer que les actrices ont beaucoup de talent, particulièrement notable ici, ou là, mais surtout ici !
Le fan service est omniprésent, mais genre vraiment tout le temps, partout, à un tel point que l'overdose ne peut être évitée. Mettre du rock classique et du rap populaire, ça peut être cool, mais faut que ça ait un sens tout de même, sérieux, "Eh Jimi, là les persos sont en taule, fout House of the Rising Sun, ça colle bien !" "Eh Jimi, là y'a machin qui réapparaît après 10 minutes, faut mettre Without Me d'Eminem, en plus ça plaira aux jeunes" "Eh Jimi, oublie pas Sympathy for the Devil, fout le n'importe où, on s'en balais couilles, on a acheté les droits faut bien s'en servir".
Mais la pire de toutes ces putains de dérives, c'est l'impossibilité qu'ont les studios de produire un film sans faire de plans pour l'insérer dans une saloperie de saga. Univers étendu ou pas, c'est insupportable. Comme l'était Batman vs Superman avant lui, et comme l'était Civil War chez Marvel, Suicide Squad est un putain de teaser de deux heures, et ça, ça fait grave chier.
A partir du moment où un film de 2 heures à besoin de 45 putain de minutes pour présenter des personnages dont on aura tout oublié deux scènes plus tard, les uns après les autres en mode teaser, pendant un tiers du film, un tiers bourré de fan service, d'humour de merde, d'effets de merde et de visuels de merde, tu te dis que ça pue pour la suite.
Et puis c'est pas comme si ils avaient développés leurs personnages, qu'ils leur avaient donné de la profondeur, autre chose qu'une putain d'image raciste à souhait. Parce que c'est pas le cas, 2 flashbacks à la con pour trois personnages, tout ça pour apprendre qu'Harley à dû vraiment kiffer 50 Shades of Grey au point de vouloir une relation SM, que Will Smith à une fille qu'en a pas grand chose à foutre que son père soit un tueur en série psychotique, et que la torche humaine à une bonne raison d'être trop triste etc ...
Et puis les autres personnages, tu les oublies très vite, que ce soit Chin Chong qui sort des mots japonais au pif, sûrement trouvé dans un dico jap/anglais, et qui parle à son sabre, la chose du pauvre ou le brony aux boomerangs, ils sont tous creux au possible.
Et puis le Joker bordel, le personnage le plus lisse et inutile du film, qui a 10 minutes d'écran à tout péter (faut quand même se rappeler qu'il était au centre du teasing pour le film) ... en tout cas super imitation de Heath Ledger imitant (mal) le joker de Nicholson de la part de Leto. On comprend tout de suite que son Oscar, il l'a pas sorti de son cul.
Et puis ces personnages ne sont à aucun moment des putains de méchants, c'est des héros, des héros nuls mais des héros quand même.
C'est bien beau de répéter toutes les 3 minutes, "On est les bad guys, à la première occaz' je bute l'autre guignol et je me barre me taper des putes, blah blah blah ...", mais si au final, quand ils ont la possibilité de se barrer, ils décident qu'en fait, faudrait peut-être sauver le monde, ça fout en l'air tout ton délire de merde.
Alors forcément, avec tout ça, le scénario ne risquait pas de briller. Clichés, trous scénaristiques béants, retournements de situations nuls et prévisibles comme jamais, incompréhension et de nombreux "J'ai pas compris, c'est qui lui, et il s'est passé quoi ?" risquent de ponctuer votre séance ciné.
Non sérieux, à un moment faudra bien comprendre que les Deus ex machina à la mord moi le nœud sortant de nul part (ici quand même assez poussés du genre, "Oh tient, en fait j'avais oublié mais je suis une sorte de Dieu vaudou invincible, et c'est bien utile pour pouvoir buter un autre Dieu vaudou invincible, parce qu'on aurait du mal à s'en débarrasser avec des boomerangs quand même".
Et puis, même dans l'univers du bordel là, le scénar' n'a aucun sens et ne fait que se mordre la queue.
Bah oui, Waller ou sais pas qui là, elle forme la Suicide Squad pour lutter contre une possible menace méta-humaine ou sais pas quoi là. Sauf que puisque la menace, c'est un des membre des cette même Suicide Squad, si elle avait décidé de pas bouger son cul, et de bouffer des chips devant sa télé comme tout le monde, y'aurait jamais eu tout ces problèmes.
Et puis vu que les seuls personnages qui clamsent n'ont strictement aucune importance dans l'univers DC, pour les prochaines merdes qui sortiront, c'est comme si celle ci n'avait jamais existé (sauf que malheureusement elle existe, et ça, ça m'emmerde).
C'est même pas la peine de parler du dernier quart d'heure du film, qui respire la lose par le fion, avec des ralentis déjà cliché du temps d'Eisenstein, des blagues nulles et plein de bons sentiments qui dégoulinent du gros tas de merde préalablement pondu.
Et les effets spéciaux minables (c'est limite si il reste pas un peu du fond vert dans certains plans) et l'horrible montage (un des pires que j'ai eu la malchance de voir) ne vous simplifieront pas la tâche.
Je mise 20 boules qu'au moins une personne sur deux se penchera vers ses potes en sortant de la salle pour dire "J'ai rien capté à cette bouse".
Alors oui, oui je l'avoue, j'ai ris, aux éclats parfois, devant Suicide Squad.
Oui, je me suis moqué des djihadistes de l'espace, oui, j'étais au tapis devant les ralentis ultra-ridicules à la fin, oui, la VF calamiteuse m'a terrassé.
Mes compères et moi avons probablement été insupportables pour nos voisins, mais devant ce genre de film, un bon mot peut aisément déclencher un fou rire incontrôlable. Le même genre de fou-rire que vous tentiez de contenir en classe d'histoire-géo en 4eme B.
Il faut dire aussi, que c'est uniquement cette séance de bonne poilade qui nous a retenu de quitter la salle en fustigeant le monde entier.
C'est une leçon à retenir, de la douleur, peut surgir l'amusement.
Parce que oui madame, oui monsieur, passer deux heures devant Suicide Squad, c'était douloureux.
Et pourtant, je pense que cette épreuve, comme tant d'autres dans ma vie, m'a forgé en tant qu'homme, et m'a rendu plus sage, et dans mon infini mansuétude, je souhaite partager un peu de cette sagesse avec vous,
Ne gaspillez pas votre argent.
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Créée
le 21 août 2016
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