Show must go home
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La guerre DC / Marvel ne fait décidément que commencer, et un des deux éditeurs est clairement en train de dominer l’autre. Lequel, me direz-vous, hé bien c’est exactement ce que nous allons déterminer aujourd’hui, car en effet, Suicide Squad est la réponse même à cette question. Grâce à cet unique œuvre cinématographique, le pourquoi du comment va nous sembler complètement logique. Assurez-vous de bien avoir vu le film avant de lire la critique (sauf si vous vous fichez des spoilers).
Après la mort de Superman, Batman ne semble pas suffisant à la sécurité de la ville. Amanda Waller a donc une idée de génie : pourquoi ne pas transformer nos méchants favoris en héros nationaux ? Ainsi se forme la Suicide Squad, une équipe de super-méchants engagés pour faire le bien, composée de Deadshot, Harley Quinn, El Diablo, Captain Boomerang, Killer Croc, Katana, Enchanteresse et Slipknot, le tout commandé par le commandant Rick Flag.
Premièrement, parlons de ce qui nous saute aux yeux (ou plutôt aux oreilles) dès le début du film : la bande son complètement folle et nous faisant réviser nos classiques musicaux. En effet, les titres les plus connus nous mettent tout de suite dans un état d’extase et, on doit l’avouer, nous collent de stupéfaction à nos sièges quant au bon goût de l’équipe de réalisation. De « The House Of The Rising Sun » en passant par « Seven Nation Army » et « Bohemian Rhapsody », l’ambiance est donnée : ce film est totalement décontracté. Evidemment, le résultat final n’est pas aussi jouissif qu’on pourrait l’espérer d’une telle bande son : certaines musiques ne collent pas du tout aux scènes et nous sortent totalement de l’intrigue. Mais passons, les détails sonores étant bien moins importants que la plupart des caractéristiques croustillantes de Suicide Squad.
En effet, il est temps de nous attaquer au plus intéressant : les personnages et leur traitement. Beaucoup d’encre a coulé depuis la sortie du film, et je dois avouer que l’avis présenté dans cette critique ne sera pas bien original.
Dans ce film, Deadshot et Harley Quinn prennent énormément de place, à tel point qu’on finit par se ficher du sort des autres membres de l’équipe. Ceux-ci interviennent très peu, et la plupart du temps pour faire rigoler la salle (quand les blagues fonctionnent). Le développement des personnages dans ce Suicide Squad est vraiment manquant, et même quand on a des précisions sur le passé des personnages à certains moments, cela ne suffit toujours pas à créer une empathie envers eux. Par exemple, le manque d’activité d’El Diablo pendant tout le film porte un coup fatal à notre relation par rapport à lui, et le flashback de fin le concernant ainsi que son importance dans le combat final ne suffisent pas à équilibrer la balance.
Et parlons du personnage que tout le monde attendait au tournant dans ce nouveau volet de DC Comics : le Joker et sa relation avec Harley Quinn. Si vous êtes fan de ce/ces personnage(s), vous allez DETESTER la version qu’en a fait Suicide Squad. L’ennemi préféré de Batman n’est ici qu’un vulgaire gangster bling-bling, sans aucune consistance et loin d’être attachant. Et Harley Quinn ? Une gamine un peu fofolle s’habillant dans le seul but d’exciter un public masculin prépubère et qui se révèle avoir un sens de l’amitié assez prononcé (wtf ?!). Leur relation est complètement violée, retournée et vidée de toute substance suscitant un quelconque intérêt : ces personnages sont AMOUREUX. Dans Suicide Squad, le Joker aime Harley Quinn, la considère comme sa femme et serait prêt à mourir pour elle. Malgré cela, il y a quelques scènes le montrant manipuler la psychologue sans scrupule pour arriver à ses fins, ce qui crée des incohérences ahurissantes dans les intentions et les sentiments du personnage. Malgré un Jared Leto capable de grandes choses, cette version du meilleur méchant de DC Comics est totalement ratée, même incomprise pas les créateurs du film.
Tous les personnages de Suicide Squad sont des clichés, aucun d’entre eux ne sont de vrais méchants : Deadshot est un père de famille faisant le maximum pour le bien de sa fille, il est capable du pire pour elle. Un personnage d’une originalité moindre.
Pourtant, les possibilités sont infinies, le concept de cette équipe remplie de méchant peut vraiment mener à des issues scénaristiques plus qu’intéressantes. Malheureusement le film reste dans une optique basique, usée, vue et revue depuis la nuit des temps du cinéma.
Heureusement, Suicide Squad n’est pas sans certaines qualités assez appréciables, dont l’esthétique joyeuse et colorée, faisant relativiser les derniers films sombres de DC Comics, dont le Batman VS Superman de Zack Snyder. Enfin un film de cet éditeur qui ne prend pas les choses trop aux sérieux, on peut enfin souffler. Mais (parce qu’évidemment, il y a un « mais ») on sent que cette ambiance a été modifiée et modifiée avant d’être ce qu’elle est maintenant. Preuve ? Il suffit de voir la toute première bande annonce de Suicide Squad pour se rendre compte qu’au début, le film devait être sombre et sérieux. Evidemment, vu le succès de Deadpool et les critiques qui ont été faites à la dernière réalisation de Zack Snyder (comme quoi il serait trop sérieux), Warner Bros n’a pas résisté à l’envie d’écouter les « fans » pour tenter de faire encore plus de profit. Résultat : une esthétique qui a perdu un charme qui aurait pu parfaitement fonctionner, des scènes retournées qui se voient et qui limite mettent mal à l’aise tant l’humour est lourd, gratuit, et pas du coup cohérent par rapport aux scènes.
Suicide Squad aurait pu être intéressant, mais des facteurs beaucoup trop importants ont fait couler le film, comme la relation Harley Quinn – Joker, le traitement des personnages, et l’envie des producteurs de faire de l’argent à la place de faire un film cohérent et divertissant. Un scénario vu et revu, un humour malaisant, et une mise en scène inintéressante et limite nanardesque à certains moments (cfr le ralenti de fin).
Cette critique a été écrite pour le site www.ScreenAddicts.com
Créée
le 15 août 2016
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