Tel quel, privé de sa seconde moitié, bientôt sur les écrans (avoir divisé le film ainsi, pour l'exploitation française, est contestable), Suis-moi, je te fuis semble incomplet, comme un hors-d’œuvre avant le plat principal et donc incapable de satisfaire l'appétit du cinéphile qui apprécie le maître queux Kôji Fukada. C'est la première fois que le cinéaste adapte une bande dessinée, d'où sans doute cette impression d'assister à une succession de péripéties multiples, moitié sentimentales, moitié comiques, avec un brin d'absurde pour relever le tout. Au fond, c'est l'histoire d'un garçon très prévenant et altruiste qui rencontre une jeune femme imprévisible et insaisissable. Si c'était un film noir, cette dernière serait une femme fatale et c'est un peu le cas, surtout pour un homme qui a manifestement une propension à se retrouver dans des situations impossibles. Comme le film est rythmé et riche en personnages pittoresques, aux comportements erratiques, l'on ne s'ennuie pas une seule seconde devant Suis-moi, je te fuis, tout en se demandant où Fukada cherche bien à nous emmener. Pas rassasié par ces 105 premières minutes, le spectateur frustré devra désormais attendre, à moins d'enchaîner les deux parties, ce qui est sans doute la meilleure solution pour pouvoir émettre un véritable jugement. La suite et la fuite, à la prochaine séance, donc.