Doucement mais sûrement, Mamoru Hosoda se construit une filmographie aussi séduisante que cohérente, utilisant des éléments purement fantaisistes pour mieux parler de notre petit univers, un contexte fantastique cachant souvent un récit basé avant tout sur l'humain.
A la simplicité rafraîchissante de "La traversé du temps", Hosoda répond par une complexité qui aurait pu faire s'effondrer tout l'édifice mais qui au contraire, en renforce les fondations. Grâce à un scénario impeccablement construit, le cinéaste bâti la narration de son film à l'image du monde virtuel qu'il décrit, tissant une toile bien réelle aux multiples enjeux, aux nombreuses batailles, la principale (une famille se bat contre une intelligence artificielle bien décidée à bouleverser le monde libre) étant constamment nourrie par d'autres plus modestes mais tout aussi importantes, qu'il s'agisse de l'intégration d'un étranger dans une famille nombreuse et intimidante, de préparatifs cérémoniaux, d'un conflit intergénérationnel, d'un combat contre la mort ou tout simplement d'un match de baseball.
Là où il aurait été facile de se contenter de montrer Internet comme l'ennemi à abattre de toute urgence, Mamoru Hosoda et son scénariste Satoko Okudera préfèrent un discours plus nuancé. S'ils mettent bien évidemment en garde contre une utilisation massive de l'outil virtuel, ils mettent cependant en évidence sa force communautaire, les liens qui peuvent se créer et surtout l'importance de chacun à l'intérieur de son microcosme. Hosoda et Okudera en font une sorte de miroir légèrement déformé d'une cellule familiale certes parfois imposante et étouffante mais capable du meilleur dans l'entraide, lorsque les talents de chaque membres sont conjugués.
Si certains reprocheront à Mamoru Hosoda une certaine naïveté, "Summer wars" n'en reste pas moins un grand film, aussi impressionnant sur la forme que pertinent sur le fond, aussi drôle que touchant, prônant des valeurs simples qu'il est bon de se rappeler par ces temps difficiles.