Encore un anglicisme idiot ayant vocation à traduire en français The dynamiter, ça permet aux savants de se la jouer en langue supérieure.
Dans une famille misérable du Mississipi profond, un ado de 15 ans, cancre, menteur, voleur, en conflit avec tout ce qu’il rencontre, ne vit que pour le sourire béat que lui suscite sa famille, réunie le soir autour d’une table. Portant malgré lui ceux dont il croit tirer sa force et ses espoirs, entre une mère partie depuis si longtemps qu’elle ne suscite plus que la fable inaccessible d’un retour, un père fantasmagorique, une grand-mère muette et impotente, un petit demi-frère à qui il donne toute l’affection et les meilleures valeurs qu’il suppose, et un grand frère ancien sportif désabusé, voleur et semi gigolo, ce film raconte son étrange transfert affectif vers un autre plan de lucidité.
Sous la forme de scènes quotidiennes nous plongeant dans l’intimisme souhaité, se déroule le portrait d’un grand gamin dont on devine le basculement imminent dans l’âge adulte, autant que celui d’une certaine facette américaine percluse d’ennui, de puanteur sociale comme morale et de pauvreté. Livré à lui-même, l’ado tente, en même temps qu’une rédaction scolaire qui lui est imposée, de faire le point sur sa vie et ses souhaits durant l’espace d’un été. Fatal et salvateur, son basculement irréversiblement destructeur de ses rêves et illusions devra façonner ses propres volontés et vertus.
Si le film est efficace pour nous toucher de ses sentiments et de ce passage stratégique de la vie, son manque d’inattendu nous rappelle qu’on a déjà vu cent fois ce scenario dont les divers dénouements, hormis leur lenteur inutile, planent continuellement au-dessus des événements et semblent malheureusement bloquer un achèvement qui ne vient pas.