Dès les premières images, l'ambiance générale du film est donnée : la mer, le soleil, le ciel bleu, la quiétude des corps au repos, le silence, une atmosphère de vacances doucement léthargiques que rien ne viendra réellement perturber, ni le drame familial qui contraint la famille à rentrer, ni les rares moments de grande violence qui en deviennent d'autant plus choquants, comme si du heavy metal venait brusquement interrompre, le temps d'une seconde, une suite pour piano de Debussy.
Neil n'est pas rentré à Londres avec les autres. Il change d'hôtel, dans un quartier plus populaire, reste des heures assis face à la mer, sur une plage surpeuplée, vide des bouteilles de bières et ignore son portable qui sonne, sa famille partie en catatrophe qui s'interroge sur son silence.
Difficile de tenir en haleine avec ce personnage qui parait contamment absent, que rien ne semble concerner, y compris les drames que sa décision radicale de ne plus rentrer provoque, et qui ne parait pas faire grand chose de ses journées à part laisser le temps doucement s'écouler. Pour meubler le scénario vient s'ajouter une romance un peu improbable avec une fille locale. On se demande ce que cette jeune mexicaine pétillante peut trouver à ce vieux schnock un peu amorphe, éteint, taiseux, pas rigolo pour un sou.
Malgré tout, on reste accroché à l'énigme de cet homme qui choisit brutalement de couper les ponts et qui s'y tient, sans paraitre se rendre compte ou vraiment s'émouvoir des conséquences dramatiques que cela entraine, provoquant in fine la destruction de la cellule famililale à laquelle il semble pourtant attaché.
Son absence de réaction est telle que l'on ne réalise pas de prime abord que c'est sa mère à lui aussi qui vient de mourir.
Sundown laisse un sentiment d'inachevé, le gâchis du drame que provoque le non dit. Par son silence et son absence, Neil semble avoir réduit en cendre et en sang tout ce qui se trouvait autour de lui. Le spectateur, quant à lui, s'ennuira s'il ne parvient pas à adhérer à l'atmosphère du film ou ressortira de la salle un peu hanté par ce ciel trop bleu, cette mer trop calme et ce soleil trop brillant.
(écrit le 27 juillet 2022)