Quel pourrait être le souci majeur d'un film qui a pour objectif de mettre en scène l'errance d'un homme ? C'est de ne rien regarder d'autre que son personnage. Et c'est le gros problème de ce Sundown.
Le film a toutes les clés pour être un sublime portrait d'une profonde mélancolie, mais il associe ça à des sous intrigues sans intérêt (les histoires d'argent, de sa famille bourgeoise milliardaire..) qui n'avaient vraiment pas besoin d'être là, et ne parvient jamais à faire quelque chose de ces enchaînements de plans. Sa mise en scène n'est ni contemplative, ni intéressante, juste lente mais sans jamais prendre le temps. Le spectateur ne parvient jamais à saisir le réel car tout s'enchaîne finalement trop vite dans les plans d'exposition. Alors que ça devrait être tout le contraire pour une telle histoire. Le réalisateur ne semble pas être intéressé par le réel du pays dans lequel se trouve le personnage, il ne prend jamais le temps de filmer son errance. Il est toujours au premier plan, centré, mais on ne l'ancre jamais dans son quotidien qu'il vit, ça ne prend jamais forme.
Et c'est très frustrant car on sent que Michel Franco souhaite ça de tout coeur. La seule scène un peu efficace se trouve au milieu du film, où la plage à priori très calme est témoin d'un meurtre sûrement dû à un règlement de compte. Même si l'assassinat est au second plan, la brutalité de la situation, très contraire à ce qu'on nous filmait, fonctionne. Car là on tient quelque chose de l'ordre du réel, quelque chose qui nous montre la dangerosité de l'endroit. Et le comportement de Neil (Tim Roth) est aussi assez énigmatique à ce moment-là : ni choqué, ni bouleversé, ce qui lui donne de l'ambiguité.
Mais tout le reste est très plat. Même l'autre scène de fusillade est mal filmée. Elle préfère ne rien montrer et n'apporte aucune tension. Aucune autre scène n'accorde de crédit à la comtemplation, du coup le film n'est jamais vraiment touchant, ou triste. Le personnage est, de plus, très désagréable et profondément égoïste, ne le rendant jamais sympathique (ce qui n'est pas un problème en soi, mais quand le film essaie malgré tout de le filmer comme étant un type sympa et touchant, ça ne marche pas.) Ne parlons même pas de cette fin absolument grotesque, où tout est explicitement raconté. Comme si le réalisateur avait peur que le spectateur passe à coté de ce qu'il voulait signifier, sûrement trop stupide pour rester dans l'ambiguité, ce qui aurait au moins été un point fort du film.
Sundown rate donc pas mal son coche et est un bon exemple de film raté à la mise en scène lente : étant particulièrement sensible à la contemplation, à la mise en scène qui met en avant les questions métaphysiques que peuvent se poser un être humain, le film ne prend pas assez le temps pour que l'on soit touché par la situation, et la seule ambiguité intéressante qui entoure ce personnage est détruite à la fin.