La vie d’un homme se résume parfois à ses obsessions, ou à se remémorer un bonheur passé immortalisé par des photos ornant les murs de sa chambre. Celle de Franck d’Arbo se limite à des gribouillages infantile évoquant son mariage avec Sarah et la fois où il a dénoncé quelqu’un à la police avec le sentiment du devoir accompli. En dehors de cela, il n’a aucune passion, n’a que très peu d’amour propre, et se contente d’un boulot de cuistot peu ragoutant. Le jour où Sarah décide de le quitter pour une mauvaise fréquentation qui l’a fait retomber dans son addiction pour la drogue, Franck tombe en dépression avant d’être frappé par un éclair d’illumination. Dieu lui a ordonné de remettre de l’ordre dans la société en devenant un super héros. Afin de trouver l’inspiration nécessaire à la conception de son costume moulant en lycra, il va dans une échoppe de comics demandé des conseils à une vendeuse exaltée qui deviendra sa nouvelle associée. Ensemble Crimson Bolt et Boltie combattront le crime et l’infamie. Pédophile, Dealer, et resquilleur, même sentence, un bon coup de clé anglaise dans la caboche afin de régler les malfonctions et incivilités devenu coutumières.
Malgré sa côte de popularité auprès des médias, Franck peine à reconquérir Sarah, alors avec l’aide de sa partenaire, ils vont s’attaquer aux malfrats qui ont une influence néfaste sur elle. C’est à ce moment là que la récit dérape complètement, car les justiciers affublés de gilet par balles et armés de bombes et de pistolets se retrouvent confrontés à des gardes tout aussi bien préparés. Lorsque Libby alias Boltie sera froidement descendu d’une balle dans le visage, Crimson Bolt va rentrer dans un état de rage confusionnel et abattre sa vengeance sur les responsables de son assassinat. Le récit va alors basculer dans une concrète absurdité grâce à des ingressions visuelles cartoonesque banalisant la violence outrancière de ses affrontements et questionnant ainsi le rapport idéalisé qu’entretienne les fans face à la brutalité du monde réel totalement déformé dans les productions habituels du même genre. Super à cela en commun avec Kick-ass sortie quelque temps auparavant, raison pour laquelle il sera taxé de « plagiat » par une horde de spectateurs peu renseignés mais qui auront néanmoins raison de son échec financier.
Les deux films partagent également le même discours politiquement incorrect de vigilantisme et d’expédition punitive de la part de gens normaux voulant jouer aux héros mais se retrouvant confronter à de véritable dangers et tragédies. James Gunn dresse ainsi le portrait d’un homme blessé et névrosé qui tente de se réfugier derrière une nouvelle identité afin de dénier les échecs de sa vie d’adulte. De son côté Libby n’est qu’une adolescente hystérique complètement déconnecté de la réalité qui ne vit que par le prisme de ses bandes dessinées. Franck aura beau sauver Sarah, cette dernière finira dans les bras d’un autre, maman de plusieurs beaux enfants. Il n’y aura pas de happy end pour le justicier esseulé avec son lapin blanc, figé et larmoyant sur son sort. Il peut tout aussi bien avoir tout inventé pour se réconforter ou bien réellement avoir vécu cette existence, mais à la fin il ne reste que le constat amère d’une solitude à laquelle il doit se résigner.
Si toi aussi tu ne te retrouves plus dans l’état de déliquescence actuel de notre société et que tu considères que le monde a besoin de héros, qu'ils soient violents, gros, cons ou attardés mentaux... L’Écran Large te fera passer de zéro à héros, car il suffit d'un collant et d’un peu de matière grise pour changer de peau !