Qu'est-ce qu'un monstre extraterrestre prisonnier sur notre planète et un enfant qui vient de perdre sa mère ont en commun ? Pas grand-chose a priori. Et pourtant J.J. Abrams va nous prouver le contraire ! En faisant se rejoindre ces deux destins dramatiques, en faisant communiquer ces deux êtres plongés dans la mélancolie, il nous offre le blockbuster familial le plus émouvant et le réussi depuis plusieurs décennies.
Film ultra référentiel, « Super 8 » semble tout droit sorti des années 80. Ce n'est pas un hasard s'il est produit par Steven Spielberg. Les points communs entre l'univers de ce dernier et le troisième film d'Abrams sont légion. La bande d'enfants et les quartiers qu'ils habitent font immédiatement penser à « E.T. ». La panique qui gagne la ville et qui dépasse les autorités renvoie aux « Dents de la mer ». La thématique et la quête de la créature rappellent « Rencontres du troisième type » et encore « E.T. ». Mais au-delà de l'hommage que le réalisateur entend rendre à celui qui a émerveillé sa jeunesse cinéphile, il parvient à s'affirmer comme étant le nouveau géant du genre. Au point que nous aurions tendance à penser que l'élève vient de dépasser le maître (le très médiocre « Tintin » finira de nous en convaincre). En réalisant un film sur l'enfance –thème qui parcourt pratiquement l'ensemble de la carrière de Spielberg, Abrams nous prouve qu'il n'a plus rien à envié à son producteur. Dans « Super 8 », les enfants sont traités avec un profond respect pour leur âge. En excluant volontairement les parents (absents ou menaçants) de son histoire, ces jeunes acteurs (tous impeccables) ne servent plus de prétexte commercial pour rendre le spectacle familiale (« Jurassic Park ») ni de faire-valoir à star (Tom Cruise qui porte sa fille sous le bras dans « La Guerre des Mondes »). Ils sont le cœur du film ! Sans être doté d'une maturité d'un autre âge, ils permettent au spectacle d'être naïf, frais, spontané et touchant à la fois.
Après son excellent « Star Trek » (on ne le répétera jamais assez), le producteur de « Lost » nous livre un film d'une intelligence devenue rare dans le domaine. Tout fonctionne dans « Super 8 ». Du portrait de cette bande de gamins attachants et crédibles aux scènes les plus explosives (le crash du train est monstrueux) en passant par une touchante histoire de deuil, J.J. Abrams maîtrise son film de A à Z. Que c'est bon !
Cygurd
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le 13 nov. 2011

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Film Exposure

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