O'Brother
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le 8 avr. 2023
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Commençons par le début. Oui j'aime Mario et son univers qui m'a transporté dans mes jeunes années où j'approchais le jeu vidéo. Que ça soit dans ses déclinaisons "Kart", "64" ou "Bros", je prenais toujours autant mon pied devant. Ces jeux mêlant adroitement dextérité, audace et inventivité ont séduit par dizaines (si ce n'est centaines) de millions des gens aux 4 coins du monde, moi y compris. Alors, pensez vous bien, que quand j'eusse entendu qu'une adaptation cinématographique du petit moustachu allait voir le jour, mon degré d'extatisme était similaire à l'indice sismographique sur l'échelle de Richter du grand tremblement de terre qui eut lieu à San Francisco en 1906. De plus, la BA montrée par mon demi-frère (procédé que je n'ai plus regardé depuis le tout début des années 2010) me laissait entrevoir quelque chose de sacrément bien foutu.
De quoi me surprendre, moi qui ai toujours vu dans le Hollywood actuel la bestiole malodorante qui massacre tout ce qu'elle effleure de son doigt décrépi. J'avais accepté de suspendre mon incrédulité face à cela, quand bien même le spectre d'un Disney chancre d'une cancel culture totalitaire (pléonasme me direz-vous) était derrière ce projet. Peut-être le niveau allait-il s'améliorer me dis-je timidement. Je fus très rapidement fixé sur le fait que mes souvenirs allaient s'en prendre plein la gueule. "Super Mario Bros" transpire à grosse goutte le soft power américain. Il faut reprendre et remixer un jeu vidéo étranger pour le transposer dans son pays. En faire autrement est impensable. C'en serait presque une question de vie ou de mort.
J'ai une question à vous poser dès à présent. Du temps où vous y jouiez, en aviez vous seulement quelque chose à foutre des origines de Mario et Luigi ? Ca tombe bien, tout comme vous, je n'y avais jamais pensé car en fait, on s'en tape. Le monde de Mario n'a jamais eu pour but de jouer dans la narration. Le scénario est débile, use à satiété des mêmes cordons narratifs. Nous étions là pour du fun. Mais bon, les tâcherons aux commandes ont trouvé ça chouette d'explorer la psyché de nos deux plombiers mais pas dans le monde magique de Mario. Ha ha non, ça serait trop facile ! Il fallait que toute la sauce démarre en plein Brooklyn. Oui nos deux moustachus sont des humains new-yorkais. "Super Mario Bros" peut d'ores et déjà s'illustrer comme le parfait manuel de comment pulvériser la crédibilité d'un univers en un instant.
Maintenant que nous sommes bien sortis de ces contrées imaginaires qu'il aurait été trop difficile de retranscrire, place à l'histoire. Je ne serai pas méticuleux là-dessus. Bien simplet faut-il être pour en espérer une perle scénaristico-philosophique. De toute façon, le massacre avait déjà démarré sur les chapeaux de roue donc ne restait-il qu'à prendre son mal en patience. C'est avec une joie douce-amère que nous quittons la famille inutile de Mario et Luigi pour le royaume Champignon à travers une pirouette littéraire que n'aurait guère renié des Akira Kurosawa et autres Federico Fellini. Tout juste attendions nous non sans une pointe d'appréhension un tour d'horizon du lore Marionesque. Sauf que celui-ci résonne davantage comme du fan service où plus de la moitié des figures emblématiques ne servent qu'à apparaître une ou deux fois à l'écran juste pour dire "Aaaah t'as vu, lui aussi je l'ai fait apparaître ! T'es content, fifille ? Allez, continue à regarder mon torchon, gentille fifille". Il est vrai, voir durant 5 secondes les petites seiches cracheuses d'encre qui nous foutaient tellement la misère sur le circuit avait son importance. Par contre, concernant Yoshi et Wario, vous pourrez en toute amitié aller vous faire voir chez les grecs. Ce n'était pas les opportunités qui manquaient pour caler ces deux incontournables. Au moins ces deux là. Je n'allais pas faire mon gros chieur en demandant Waluigi mais il y a un minimum si l'on veut exploiter l'esprit Mario.
Et puis, Disney que j'ai préalablement cité comme le potentiel temple, ou dirons nous usine, de fabrication de produits aseptisés se devant de respecter les sensibilités de toutes les chouineuses qui se reproduisent en masse comme des Toad sur les réseaux sociaux. Dans les bureaux, il a dû se dire que la pauvre princesse Peach maltraitée, un peu cruche et toujours prisonnière des griffes de Bowser était le reflet des heures les plus sombres. La transmuer en espèce de Kim Possible qui marave des tronches de Koopa à tout va était plus dans "l'air du temps". Cette même Super Peach qui verra sa romance avec Mario passer complètement à la trappe. Je supputerais bien pourquoi une histoire d'amour entre un homme et une princesse ne fut pas illustrée mais je préfère m'en abstenir. Voilà, le sacro-saint progrès a parlé et gare à ceux qui ne le vénéreraient pas. Peu importe de continuer dans la surenchère et les illogismes, du moment que le produit soit "progressiste". On vide les univers de leur substance pour en attenter ensuite au langage et in fine aux mots. Toute ressemblance avec un certain univers orwellien serait purement fortuite.
Ainsi, même le semblant d'histoire parvient à se rétamer et à agacer devant ces incohérences en tout genre. Et comme cerise sur le gâteau, même la bande son parvient à atteindre la stratosphère du mauvais goût. Les deux médiocres ont inséré avec le plus grand sérieux du A-ha et même du AC/DC. Oui ça ne s'invente pas ! Juste pour rappeler la grandeur de l'Amérique face aux musiques si emblématiques de Mario éclipsées ou tout du moins nonchalamment remixées l'espace de 2 ou 3 secondes. Et tout ça avec l'assentiment et les congratulations de circonstance du grand public. Comme l'a dit un certain sociologue "Chez les barbares résonnent le doux diktat de l'Empire". Ainsi, "Super Mario Bros" éclaire de sa lumière étoilée une Europe de l'Ouest dévote et vassal de l'Oncle Sam. C'est la seule réelle bonne utilité que nous lui reconnaîtrons.
Des qualités dans tout ça ? Moi qui suis un adorateur patenté du film d'animation en 2D, je n'ai pas été insensible à sa 3D. "Super Mario Bros" est très beau visuellement tant dans ses décors que dans ses personnages. Mais ce n'est finalement qu'une marguerite au beau milieu des ronces, le brin d'herbe au beau milieu du marécage, le légume au beau milieu de la junk food amerloque. Même avec l'un des plus beaux lore, Disney a réussi à se rétamer, accouchant d'un résultat objectivement répugnant qui ne ravira certainement pas les nostalgiques du moustachu.
Créée
le 7 juil. 2023
Critique lue 28 fois
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