Fuck, dick, shit, motherfucker, dick, pussy, dick, dick, fuck, dick.
Explosion de vulgarité dans ta gueule mon pote.
Mais explosion gratuite ? Nonnnnn.
On en aurait l'impression au début, lorsque l'intrigue se met (lentement mais surement) en place. Jonah Hill, déjà excellent, accumule les grossièretés et réflexions sexuelles poussées (et ce dés l'originale ouverture qui lance sans fioriture dans une discussion, apparemment normale, entre les deux amis) face à la fausse naïveté d'un Michael Cera qui trouve ici l'un de ses plus réussis et célèbres rôles. Lorsque l'intrigue s'ébauche progressivement on crie au scandale face à ce qui s'annonce (heureusement faussement) comme un simili d'American Pie.
Or le pari de SuperGrave, pari très ingénieux qui apporte un rythme hallucinant, un réalisme, une proximité avec les personnages, c'est de faire tenir l'intrigue autour d'une journée.
24 heures qui pivotent autour de 1) la tentative désespérée d'acheter de l'alcool (suites de péripéties hilarantes et complètement perchées), 2) l'envie folle d'insérer son sexe dans le vagin d'une femelle, et 3) la remise en question d'une amitié longue de 10 ans face à l'inévitable séparation du post-lycée.
Il y a donc quatre parties explicites dans ce film qui font de lui un réel bijou d'écriture.
La première, au lycée, met en place l'intrigue, présente les personnages et leurs caractéristiques et donne à voir la suite. C'est classique, efficace et déjà drôle.
La deuxième et la plus longue est celle des péripéties jubilatoires et absurdes qui mènent les personnages à tout faire sauf acheter de l'alcool, pourtant leur but initial. On y découvre avec joie les deux personnages de flics dont l'hilarant Bill Hader, déchaîné et dérangé.
La troisième est, étonnamment, la plus concise, alors qu'elle est pour les personnages le pivot de leur existence. Enfin, c'est ce qu'ils pensent avant de s'apercevoir que la réalité est toujours plus subtile. Des scènes carrément grivoises cachent alors un vrai fond, oserai-je dire, émouvant (?), finement écrit, qui révèle tout le sens soudain d'un film pas si débile qu'on le présente.
Reste enfin une quatrième partie qui questionne avec beaucoup de finesse les rapports entre ses deux amis de toujours, plaçant les personnages et les spectateurs dans des situations délicates.


On aurait pas pensé SuperGrave aussi intelligent et enceint de sens. Et pourtant l'ultime scène vient mettre tout le monde d'accord ; on est face à un bijou de comédie, bien plus ciselé qu'on ne l'aurait pensé.

Créée

le 1 janv. 2016

Critique lue 364 fois

Charles Dubois

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