Je découvre le cinéma de Nicolas Philibert avec ce film, je ne m'étais jamais donné la peine d'aller voir ce qu'il faisait, bien que je le connaisse de nom depuis le succès de son Être et avoir. Et là, à la première minute j'ai été conquis.

Le film s'ouvre sur une séquence chant où un type dont on ne sait rien se met à reprendre une chanson de Téléphone, ça sonne super bien, on sent qu'il y met toute son âme... Forcément ça marque, ça a un charme fou à la guitare classique et on sent une énergie communicative.


Tout le film sera comme ça. On est dans un bateau sur la Seine qui sert d'hôpital pour accueillir des personnes avec des troubles mentaux et le parti pris c'est de ne jamais dire qui est fou et qui ne l'est pas. On peut regarder un personnage pendant plusieurs minutes (certains pas tous) et ne pas réussir à savoir s'ils font partie des patients ou des soignants. Il n'y a pas de jugement, Philibert laisse les gens s'exprimer. On voit donc comment des gens qui ont des maladies parviennent à s'en sortir grâce à un accompagnement adapté, faisant la part belle aux ateliers (musique, dessin, cinéma...)


Parce que mine de rien c'est un film à thèse : l'hôpital irait bien mieux si on pouvait le gérer comme l'Adamant.


Et puis en plus de ça, on a une belle galerie de personnages et des personnages qui ne correspondent pas au stéréotype de la personne atteinte de troubles psychiques.

C'est toute la force du film, réussir à ne pas entretenir des clichés. Je n'ai jamais vu au cinéma des malades mentaux aussi biens, avoir des conversations comme qui ont du sens (enfin parfois…) et où on sent qu'ils sont biens. Alors Philibert ne cache pas les moments plus tendus, comme lorsqu'une femme se sent mise à l'écart car elle n'a pas été choisie pour animer un atelier… mais on voit bien la réponse du corps soignant est de prendre en compte la remarque et de voir ce qu'il est possible de faire bien qu'a priori ça ne les enchante pas.


Le tout dans un cadre totalement improbable, sur cette barge au beau milieu de la Seine… Si c'était une fiction je ne l'aurais pas cru. Et donc la différence d'approche vis-à-vis des autres lieux de soin est totale… on est sur des lieux différents, des méthodes différentes… et ça fait que ça n'a pas la lourdeur et le côté désespérant que beaucoup de films qui rendent compte de l'état du milieu hospitalier, ça a un côté bol d'air frais (pour les patients comme pour le spectateur).


En tous cas c'est une curiosité à voir, rien que pour savoir que ça existe, mais qui parvient à être vraiment touchant, j'apprécie beaucoup l'utilisation de la musique qui est intradiégétique, on entend quelques notes et on se rend compte que c'était un patient qui jouait de la guitare… tout ça est d'une authenticité folle…


La conclusion c'est que je m'en veux d'avoir boudé le cinéma de Philibert depuis tout ce temps… parce que c'est vraiment bon, une approche pleine d'humilité, sans voyeurisme, ça fait plaisir à voir.

Moizi
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films vu en 2023

Créée

le 2 oct. 2023

Critique lue 758 fois

14 j'aime

Moizi

Écrit par

Critique lue 758 fois

14

D'autres avis sur Sur l'Adamant

Sur l'Adamant
Moizi
8

Improbable

Je découvre le cinéma de Nicolas Philibert avec ce film, je ne m'étais jamais donné la peine d'aller voir ce qu'il faisait, bien que je le connaisse de nom depuis le succès de son Être et avoir. Et...

le 2 oct. 2023

14 j'aime

Sur l'Adamant
Elsa_la_Cinéphile
10

Expérience immersive d'échanges sur l'eau

Nicolas Philibert s'est immiscé durant un an sur cette sorte de péniche parisienne, lieu de soins psychiatriques innovant, qui s'exprime essentiellement sous forme d'ateliers artistiques,...

le 7 janv. 2024

12 j'aime

7

Sur l'Adamant
Gwynplain
6

Embarquez sur la Nef des Fous

Adamant,1. nom masculin : diamant, du latin adamas, adamantis2. anglais adjectif : inflexible, catégoriqueSur l’Adamant est le dernier documentaire de Nicolas Philibert. Je n’avais encore jamais vu...

le 30 avr. 2023

11 j'aime

8

Du même critique

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Moizi
2

Vos larmes sont mon réconfort

Je ne comprends pas Disney... Quel est le projet ? Je veux dire, ils commencent avec un épisode VII dénué de tout intérêt, où on a enlevé toute la politique (parce qu'il ne faudrait surtout pas que...

le 21 déc. 2019

494 j'aime

48

Prenez le temps d'e-penser, tome 1
Moizi
1

L'infamie

Souvenez-vous Bruce nous avait cassé les couilles dans sa vidéo de présentation de son "livre", blabla si tu télécharges, comment je vis ? et autre pleurnicheries visant à te faire acheter son...

le 29 nov. 2015

305 j'aime

146

Le Génie lesbien
Moizi
1

Bon pour l'oubli

Voici l'autre grand livre « féministe » de la rentrée avec Moi les hommes je les déteste et tous les deux sont très mauvais. Celui la n'a même pas l'avantage d'être court, ça fait plus de 200 pages...

le 4 oct. 2020

246 j'aime

61