Nicolas Philibert s'est immiscé durant un an sur cette sorte de péniche parisienne, lieu de soins psychiatriques innovant, qui s'exprime essentiellement sous forme d'ateliers artistiques, d'expression corporelle ou de temps de découverte et d'échanges sur des thèmes donnés comme le ciné club.

Cette expérience immersive a donné ce film émouvant dans lequel on ne distingue pas, au premier abord, les patients des soignants, les soignants ne portant pas la blouse blanche et ne se comportant pas comme des sachants, qui adopteraient une relation de supériorité avec les visiteurs de L'adamant.

Ceci est le fruit d'un véritable choix thérapeutique, guidé par le médecin psychiatre qui en est à l'origine du projet

Ce dernier nous l'a expliqué au cours de la projection débat à laquelle j'ai participé.

De nombreux soignants étaient dans la salle, ainsi que des membres de GEM (groupes d'entraide mutuelle) et les débats étaient passionnants.

Je trouve que le film montre bien que la frontière est ténue entre ce qu'on appelle "malades psychiatriques" et les autres, car les troubles psychiques peuvent toucher chacun de nous, avec une plus ou moins grande intensité, bien entendu et des troubles plus ou moins handicapants.

Le mérite de tels endroits est d'essayer de faire tomber les frontières, permettre les échanges, rechercher l'épanouissement des participants et par là-même tenter de faire tomber la souffrance qui est bien réelle, ne l'oublions pas.

On y croise des personnes diverses, certaines très investies et hautes en couleurs, d'autres plus renfermées, artistes à leur façon, douées dans leurs domaines, la plupart prêtes à s'ouvrir à l'oeil de la caméra.

Et nous, dans la salle, on a ri, on s'est amusés parfois et on versé notre petite larme, admiratifs de ce lieu qu'on aimerait voir se reproduire ailleurs, tant les besoins sont importants et tant la réussite saute aux yeux.

L'édification de cet objet flottant a répondu aux besoins exprimés par les équipes soignantes, dès l'ébauche du projet, de façon originale et très belle. On peut vraiment dire que cela a été co-construit.

L'architecture est innovante, faisant de cet endroit, à la fois un objet utilitaire et poétique.

Nicolas Philibert a su rendre la magie de ce vaisseau, jouant avec les reflets de l'eau et des feuilles des arbres du quai, la passerelle jouant le rôle de cordon ombilical avec l'extérieur.

Les coursives extérieures ont un rôle de lieu de détente et de rêverie, de croisements propices aux conversations.

Les ateliers s'installent à l'extrémité du bateau, dont les stores s'ouvrent et se fermant grâce à un astucieux système automatisé qui progresse en fonction de la lumière extérieure et peut ainsi répondre aux besoins d'intimité plus ou moins importants en fonction des activités réalisées.

Le bar partagé est convivial et permet l'investissement des patients, à égalité avec les soignants, dans un projet associatif où chacun a sa part. Le suivi des comptes donnent d'ailleurs lui à des moments filmés croustillants, où chaque sou.edt compté attentivement et où on revient sur les bénéfices et les projets à venir.

Les réunions de débriefing d'activités ou de préparation d'ateliers ou d'événements donnent aussi lieu à des débats très animés, très intéressants à suivre, où on est contents que chacun et chacune soit libre de s'exprimer et où la parole est respectée, quelle que soit le statut de l'orateur ou de l'oratrice.

A mon avis, le lieu gagnerait à être davantage ouvert sur l'extérieur avec des soirées thématiques ouverts à tous. Une tentative a lieu avec les soirées projections / débats du ciné club.

En somme, je ne peux que vous recommander ce documentaire qui participe utilement à la déstigmatisation de ces personnes atteintes de troubles psychiatriques.

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le 7 janv. 2024

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