Sur la route de Madison par Incertitudes

Sur la route de Madison est un de ces films qui prend aux tripes dès les premières secondes. En effet, le premier plan du film montre la vieille boîte aux lettres des Johnson comme un symbole de nostalgie et de regret.

Sur un scénario de Richard LaGravenese, Clint Eastwood réalise un magnifique film d'amour où trône deux interprétations exceptionnelles. La sienne tout d'abord, à soixante-cinq ans, il est tout à fait crédible en amoureux transi. Et Meryl Streep qui prouve qu'une mère de famille peut être remarquablement sensuelle.

Nous sommes au fin fond de l'Iowa dans une famille américaine avec tout ce qu'il y a de conservatisme. Francesca est femme au foyer mais elle s'ennuie. Son mari ne la regarde plus, ses enfants ne lui parlent plus. Survient un jour, un photographe de passage qui s'est égaré. Elle va faire plus que lui indiquer le chemin puisque tous deux vont vivre une romance passionnée pendant quatre jours.

Toute la séduction se joue sur des regards exprimant la méfiance, la curiosité, la gêne. Elle se matérialise aussi par des frôlements de jambe, des silences. Par la suite, l'on vit l'explosion d'un besoin d'amour exprimé par ces deux laissés pour compte, comme pour rattraper le temps perdu. Francesca est mise devant le choix le plus douloureux de sa vie, doit-elle le suivre et abandonner sa famille ou assumer son devoir ? Ce qui nous prouve bien que notre vie est jalonné de choix.

La dernière demi-heure est déchirante. Malgré le fait qu'elle ne le suivra pas, Robert lui avoue, alors qu'il ne s'était jamais attaché à personne, son amour pour elle. Sur la route de Madison est profondément humain. Kincaid le dit à un moment : "j'aime les gens, j'aime les rencontres". D'ailleurs son métier de photographe à l'écran n'est qu'une extension de son métier de cinéaste dans la vie. Sa volonté de disperser ses cendres à sa mort avec celle de Francesca est sa manière de vivre avec elle un amour éternel. Bouleversant, je ne soupçonnais pas Eastwood d'une telle sensibilité.