Au début du film, on s'attend à découvrir une sorte de Into the wild à la française. Avec un long passé d'explorateurs, de randonneurs, de romantiques, d'amoureux du voyage et de la nature et des paysages incroyables, on pense que la France a aussi de quoi faire et qu'un bon road movie traversant la France aura de quoi nous éblouir. Cependant, là où Into the wild ou encore d'autres films allemands (comme le superbe Knockin on heaven's door qui montre deux malades en fin de vie cherchant à voir la mer avant de mourir) montrent des caractères splendides, font un éloge de la nature et de l'humanité partagée, ce film nous montre un gros connard narcissique qui trouve que les militants sont des "narcissiques" là où lui ignore toutes les personnes qu'il croise. Plus le film avance, plus on se rend compte que non seulement le personnage n'a pas la moindre empathie pour qui que ce soit (y inclus pour son propre corps qu'il maltraite du début à la fin du film) mais en plus, il n'a même pas l'air de vraiment prendre le temps d'apprécier cette nature qu'il prétend pourtant être venu retrouver pour se guérir.
Ici vous pouvez spoiler !
On ne comprend d'ailleurs pas vraiment en quoi il se sent guéri à la fin après avoir juste marché des semaines, comme quelqu'un qui irait au musée pour pouvoir dire qu'il a vu telle oeuvre d'art après y avoir jeté un rapide coup d'œil, ou un autre qui se flatterait d'avoir couru très vite. Il s'agit plus d'un ode à la performance que d'un ode à la nature, malgré des paysages époustouflants qui sont à vrai dire la seule qualité du film. Le film est clairement un anti-roadmovie dans le sens où là où les autres films vont toujours montrer que c'est les liens qui se créent dans le voyage entre le héros et les personnes croisées ainsi qu'avec les autres êtres vivants, là on dirait que tout le film nous montre justement un homme qui passe son temps à briser le moindre lien qui pourrait commencer à se tisser avec les personnes croisées dans une course incessante à la performance vers... Rien du tout. En un sens, c'est une bonne métaphore de notre monde moderne.