Ce film a connu une polémique peu après sa sortie. Adapté du roman supposé autobiographique de Misha Defonseca, l’auteur a finalement avoué sous la pression de certains historiens qui remettaient en cause la véracité de certains faits, que son roman était en fait une fiction. Traumatisme transformé ? thérapie publique ? ou simplement supercherie commerciale ? C’est plutôt vers les premières options qu’il faut se tourner… l’auteur ayant réellement été enfant juive pendant la seconde guerre mondiale, et probablement traumatisée par de nombreux faits.
Le film a ainsi connu deux niveaux de vision, la première, en assistant à une aventure supposée vécue. Ce simple état de fait renforçait considérablement l’impact émotionnel du film, gommait ses défauts en quelque sorte. Une fois que l’on sait que l’on a affaire à œuvre de fiction, le regard critique reprend quelque peu le dessus.
L’épopée vécue par le personnage de Misha à travers l’Europe a tout de même quelque chose de primaire, un film de survie porté par une enfant. La jeune actrice Mathilde Goffart subit une transformation physique tout au long de son périple assez terrifiante. De gamine mignonne, elle finit petit être cabossé, déchiré, à peine reconnaissable… Belmont ne lésine pas et va très loin sur la déchéance physique du personnage.
Le périple de Misha est porté par une sorte de foi, une conviction qui la pousse en avant tout au long de son chemin : cette croyance qu’elle retrouvera ses parents déportés quelque part à l’est. Les épreuves qu’elle traverse la rapprochent finalement de loups errants qui vont l’accompagner un moment, les seuls être qui lui donneront de l’affection pendant les années que dureront son périple.
Si la petite Mathilde Goffart n’a rien à se reprocher, il y a des moments où elle n’est pas très bien dirigée. Véra Belmont la fait surjouer par instants de façon trop appuyée. Sa réalisation évite les artifices ou les effets tape-à-l’œil pour se concentrer sur la petite fille omniprésente du début à la fin, tout est vu par ses yeux.
Les seconds rôles sont assez discrets, à part Guy Bedos qui accueille l’enfant au début du film.
Au final ce film est une aventure humaine assez forte, avec comme contexte omniprésent la deuxième guerre mondiale et les exactions nazis. Le périple vécu est tour à tour terrible, incroyable, effrayant… les forêts, la nature sauvage, le froid et la faim se font cruellement ressentir sur le visage émacié de l’enfant, et son instinct de survie, tel un petit animal sauvage, la pousse vers l’avant.