C'est 2001 : l'odyssée de l'espace qui jadis me donna la passion du cinéma, mais je crois que Suspiria eut très bien pu remplir ce rôle.

C'est avec plein de perplexité que je décidai un jour de lancer ce chef-d’œuvre qui constitue mon premier Argento (et pour le moment le meilleur). Poussé par une passion nouvelle pour les films d'horreur, quelle ne fut pas ma surprise !

Une esthétique à tomber, une ambiance lancinante, avec cette musique obsédante de Goblin qui revient sans cesse (tellement obsédante que je me l'écoute parfois comme ça pour le plaisir, c'est dire !). Et des couleurs ! Boudiou, le jeu de lumières ! Une véritable claque visuelle pour commencer. Certains trouveront ça atrocement kitsch et maniéré, personnellement je n'ai pu que m'incliner devant tant de beauté, devant une recherche esthétique aussi poussée et aboutie. Tout semble pensé, calculé, millimétré... UN CHEF-D'OEUVRE JE VOUS DIS !

Premières minutes du film, Argento nous balance une scène d'apothéose, direct, d'entrée de jeu. Un meurtre sublimé ; jamais je n'eus autant de plaisir à voir la mort mise en scène ! Puis on reste dans une aura de mystère, de suspense continu. La tension est palpable derrière une mise en scène ultra stylisée. C'est beau, envoûtant, poétique... On se laisse emporter avec plaisir. Le jeu des acteurs est quant à lui tout aussi stylisé, notamment dans les scènes inquiétantes. Cela nous donne une vraie atmosphère onirique, surréaliste. Le film séduit aussi par une facette quelque peu ésotérique, avec des moments et situations forts en terme symbolique : des yeux dans la nuit, un prisme éblouissant... On est pris entre rêve et cauchemar dans une fascination étrange pour des images et des sons sortis de l'imagination foisonnante d'un réalisateur pointilleux.

Argento nous livre un giallo épatant (genre dont je découvre doucement les caractéristiques et l'histoire) qui flirte davantage avec le fantastique que ses prédécesseurs. On n'est pas dans le whodunit comme dans les Frissons de l'angoisse, ici ce qui rend accro, ce qui nous attache à l'intrigue c'est vraiment l'ambiance. On s'en fiche de savoir si c'est le chat du voisin ou bien la grand-mère acariâtre qui accomplit tous ces méfaits, on veut juste savourer cette petite fellation cinématographique, et se laisser hanter par tout un univers obsédant.

Pour finir, je tiens à partager ma grande joie mêlée d'une profonde tristesse. Trouver le blu-ray de Suspiria en soldes dans une "boutique obscure" (dont je tairai le nom mais que tout le monde connait) à 4,50 €, c'était mieux que tout ce que je pouvais espérer, moi qui étais prêt à payer le DVD au prix fort. Mais j'ai trouvé cela tout de même un peu honteux... A l'heure où les meilleures ventes constituent souvent des films dégueulasses, un bon petit Suspiria ne ferait pas de mal à la populace (ça c'était la petite remarque pédante du jour, un tantinet exagérée parce que Bilbo et Django Unchained par exemple sont excellents).

Enfin... REGARDEZ-LE !!!!!!!
King-Jo
10

Créée

le 18 juil. 2013

Modifiée

le 18 juil. 2013

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King-Jo

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