Harper's bazar
Je ne sais plus du tout pourquoi ce sagouin de Pruneau a réussi à me refiler ce film la dernière fois que je suis passé chez lui, mais bon, du coup, j'étais tombé sur deux trois images assez...
Par
le 3 août 2012
103 j'aime
20
Après quatre giallos, dont le dernier en date Les Frissons de l’angoisse est totalement abouti, Dario Argento fait un pas de côté dans sa filmographie. Il conserve les meurtres graphiques, mais les traumatismes de l’enfance deviennent le cœur de ses récits. De ses premiers giallos rigoureux, le cinéaste italien ne conserve plus que l’élément déclencheur de ce qu’il racontait. La comptine musicale entendue dans son précédent film est toujours là, l’enfant aussi mais plutôt que d’être une obsession qui revient en boucle dans le film pour expliquer le pourquoi du comment, le trauma devient le sujet principal du récit et la logique n’est plus conviée. Véritable conte horrifique, Suspiria est le récit d’un cauchemar qui fait fi de toute logique. Une logique qui vole en éclats principalement dans les scènes de meurtre où les personnages sont totalement prisonniers de leur situation, passant d’une pièce à une autre sans aucune logique ou se retrouvant dans un lieu absolument improbable et terrifiant.
En Alice qui passe son temps à ouvrir des portes immenses sur des ailleurs angoissants, Jessica Harper et son visage de petite fille fait merveille. Perdue dans un quotidien peuplé de personnages plus ou moins grotesques, tous impeccablement inquiétants, elle mène une quête folle jusqu’à l’ultime porte qui lui livrera une horrible vérité qu’elle seule pouvait percer avant de réussir à vaincre le mal. Pour conter son histoire, Dario Argento congédie ses éclairages naturels très blancs et joue à fond la carte de l’onirisme avec ses couleurs éclatantes qui habillent chaque plan. Des décors fabuleux, des lumières extraordinaires, des idées visuelles géniales à foison, Suspiria est formellement un chef d’œuvre. C’est un film destiné aux sens et non à l’intelligence. Entre ses images d’un esthétisme renversant totalement hypnotisantes, et sa musique animale et terrifiante signée des géniaux Goblin qui crée une atmosphère unique, le réalisateur convie à une noce des sens dont il est impossible de sortir indemne.
C’est à partir de ce film que Dario Argento va définitivement fixer toutes ses obsessions visuelles sur la pellicule. Les personnages sous une pluie torrentielle, les mises à mort où la victime traverse une vitre, les rideaux de théâtre en velours, les jeunes filles innocentes prises dans un engrenage cauchemardesque, les personnages handicapés (notamment les aveugles), les animaux tueurs, les plans aériens, les gros plans, les yeux, etc. On retrouve tout cela dans Suspiria : les obsessions d’hier mais aussi celles de demain qui opèrent désormais comme des leitmotivs, comme s’ils étaient plus importants que l’intrigue elle-même qui, de film en film, tendra à être de plus en plus mince. C’est donc à un véritable festin sensoriel que nous convie Dario Argento. Un festin onirique absolument maîtrisé qui l’a consacré en maître de l’épouvante. Un pur régal.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de Dario Argento et Liste et classement des films que j'ai vus (ou revus) en 2023
Créée
le 13 sept. 2023
Critique lue 65 fois
10 j'aime
5 commentaires
D'autres avis sur Suspiria
Je ne sais plus du tout pourquoi ce sagouin de Pruneau a réussi à me refiler ce film la dernière fois que je suis passé chez lui, mais bon, du coup, j'étais tombé sur deux trois images assez...
Par
le 3 août 2012
103 j'aime
20
Une putain de vache qui pisse ! Des litres d'eau glacée tombent sur le joli petit minois de Suzy Bannon en guise de cadeau de bienvenu dans ce Fribourg de carton-pâte, cette Allemagne...
le 6 août 2014
92 j'aime
13
Mais qu'est-ce que tu nous dis qu'il n'y a pas d'histoire, mais évidemment qu'il n'y a pas d'histoire ;), l'objectif est la peur dépouillée et un étrange mal-être par l'image et le son seuls. Deviner...
Par
le 21 mars 2014
82 j'aime
16
Du même critique
Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...
le 22 oct. 2021
24 j'aime
23
Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...
le 15 nov. 2023
22 j'aime
22
Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...
le 12 août 2022
22 j'aime
10