Grand nom parmi les maîtres de l'horreur, Dario Argento a su, à travers les décennies et via une filmographie, certes inégale, mais néanmoins fournie en chef d'œuvres, imposer sa patte à nulle autre pareille. Source d'inspiration pour de nombreux cinéastes, le maître du Giallo livre ici une de ses œuvre les plus connues et, peut être, la plus aboutie.

Formellement, le film est d'une élégance rare. Argento signe quelques uns de ses plus beaux plans, tout en conservant sa touche si originale. Ici, comme dans un Shining peu après lui les décors symétriques sont sources d'une angoisse latente et indéfinissables. Les cadres bancals induisent une inquiétante étrangeté, et c'est tout naturellement que l'on se retrouve, le cœur battant, à frissonner devant un simple couloir. La photographie inventive de Luciano Tovoli donne au film cette ambiance si singulière.

Rythmé par la musique des Goblins, le groupe référence de l'italien, Suspiria, comme la majorité des films précédents du réalisateur, joue beaucoup sur la bande son pour accentuer l'ambiance opaque qui entoure les murs de l'académie.

Quant à la belle et trop rare Jessica Harper, alors au sommet de sa gloire après l'excellent Phantom of the Paradise, elle prête superbement son visage de porcelaine à l'héroïne du film. Son visage pâle et ses grands yeux brillant d'innocence suffisent à faire passer des frissons d'angoisse ou de plaisir dans le dos du spectateur, et son interprétation tranche avec la majorité des potiches en tête d'affiche des productions estampillées "horreur".

Si le film, qui a tout de même près de 35 ans (!) peut paraitre vieilli aujourd'hui, il ne faut pas oublier que cet aspect kitsch a toujours été revendiqué par Argento, et le sang rouge vif n'a jamais paru aussi flashy que dans Suspiria. L'intérêt principal des Gialli, après tout, vient de l'inventivité déployée dans les mises à mort, et de ce côté là, le spectateur est servi. On n'en dira pas plus ici, afin de ne pas gâcher le plaisir de la découverte.

Premier volet de la trilogie des sorcières, suivi de Inferno et Mother of tears, Suspiria reste aujourd'hui encore l'un des joyaux de l'horreur à l'ancienne. S'il n'est pas accessible à tous (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne le mets pas dans mes recommandations) les amateurs de films à part seront comblés...

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le 16 nov. 2011

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Hyunkel

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