Nous ne connaîtrons jamais le nom du narrateur. C'est un vidéaste qui est contacté par le propriétaire d'une sorte de bar de Shanghaï. Il doit en filmer la sirène pour faire de la pub. Mais notre narrateur va surtout tomber amoureux de Meimei, l'actrice qui joue la sirène. Et c'est elle qui va lui parler de Mardar, l'exemple de la fidélité amoureuse.
Notre narrateur va alors imaginer la vie de ce Mardar. Il va en faire un petit glandeur qui s'est improvisé coursier avec une moto volée. Mardar reçoit une mission : organiser le kidnapping d'une jeune femme, Moudan, dont il tombera (évidemment) amoureux.
Tout cela peut paraître compliqué. Rassurez-vous : ce sera encore pire d'ici quelques lignes. Car c'est la même actrice qui tient les deux rôles féminins, Meimei et Moudan. Ce qui peut être logique : nous sommes dans l'imagination de notre narrateur anonyme ; c'est normal que, pour représenter une femme inconnue, il lui fasse prendre la forme de sa chérie...
Là où ça se complique, c'est que la frontière entre réalité et fiction s'estompe progressivement. Moudan disparaît et Mardar est convaincu que Meimei en est la réincarnation. Le coursier rencontre alors le narrateur...
Rassurez-vous vraiment : quand on voit le film, ça coule tout seul. Le spectateur est emporté par le film comme par l'eau de cette rivière Suzhou, que l'on retrouve constamment au fil de l’œuvre. Meimei vit dans une péniche sur la rivière, le narrateur-vidéaste aime descendre la même rivière car il peut y voir toute la ville et sa population, etc. Une rivière qui assure donc l'unité du film.
La réalisation est assez contemplative et lente, mais le format court du film (1h20) permet au spectateur de ne pas s'ennuyer. L'ensemble du film est placé sous l'image de l'eau : l'eau de la rivière, l'eau où baigne la sirène, la pluie, etc. Cette ambiance grise et pluvieuse dans laquelle baigne le film lui donne d'ailleurs une atmosphère mélancolique plutôt réussie.
Au final, on peut prendre un certain plaisir à ce labyrinthe, même si je me suis dit plusieurs fois que tout ça était un peu vain.