Même s’il est traversé de fulgurances et de vrais moments de cinéma, ce Suzhou River est surtout déterminé par le formalisme narratif pompeux d’un cinéaste qui nous récite sa cinéphilie avec certes de vraies qualités stylistiques, mais reste malgré tout prisonnier d’un récit d’une niaiserie confondante.
Filmant les errances de la jeunesse chinoise avec une caméra portée qui tangue de plus en plus au fil du récit et des effluves de vodka, en citant le Vertigo d’Hitchcock, Lou Ye parvient de temps à autre à donner l’illusion d’un cinéma romanesque désabusé, mais il ressasse un peu trop ses formules pour emporter totalement l’adhésion.
Avec une caméra plus stable et moins de distanciation stylée, son film aurait gagné en subtilité ce qu’il perd à trop vouloir singer ses références, Wong Kar-Wai, Hou Hsiao-Hsien… de manière un peu trop voyante. Sans doute les défauts d’une première œuvre obsédée avant tout par le désir de tenir ses promesses et de décrocher deux trois prix dans les festivals.