La reprise de « Souzhou river », deuxième film de You Le, datant de 2000 et ayant fait l’objet d’une restauration 4k a été pour moi un véritable enchantement. Ce style si particulier au réalisateur, qui l’assimilerait à un Max Ophüls sous amphétamine, fait merveille dans ce récit romantique et hautement sensuel qui mêle des éléments de film noir. La caméra subjective (nous ne voyons jamais le narrateur également personnage du film, mais nous l’entendons narrer l’histoire) dans des étourdissants travellings aux multiples directions, le montage particulièrement fluide, parfois comme un flash, laisserait à penser que le film n’est qu’un long plan-séquence. Mais il y a un passé et un présent narratifs qui s’enchaînent avec une grande fluidité. Le film est ponctué de scènes visuelles fortes, et accompagné de différentes musiques, du néoclassique presque Herrmanien, de la musique actuelle et des titres de variété, dont certains reviennent comme des mantras. La courte durée (1 h 13) n’empêche aucune audace ; un ralenti par ci, un plan repris deux fois… Et puis Shanghaï ou plutôt son envers, les vieilles bâtisses, les quais anarchiquement agencés, d’où surgit la ville nouvelle. « Suzhou river » est toujours interdit en Chine.