Suzume est une jeune fille de 17 ans qui se rend au lycée. Sur le chemin, elle va flasher sur un garçon aux cheveux longs qui cherche des ruines non loin de là, qui vont les mener à une porte. Celle-ci donne l'accès à un autre monde, où un ver géant peut en sortir afin de créer des séismes au Japon. Ce duo va devoir traverser tout le pays à la recherche de ces portes et ainsi empêcher l'arrivée du ver dans notre univers.
Avec Mamoru Hosoda, Makoto Shinkai est sans nul doute l'autre grand réalisateur japonais en activité en ce qui concerne l'animation. Car il propose, comme son confrère, des œuvres originales, mais qui résonnent avec notre époque. Bien entendu, l'histoire de Suzume résonne fortement avec les séismes fréquents traversés par le pays, et en particulier celui du 11 Mars 2011 à Fukushima, ce qui n'est clairement pas dit, mais par petites touches, on sent que cet évènement a fortement marqué le réalisateur. A tel point que pour lui, c'est actuellement son film le plus personnel.
Tout comme Your name et Les enfants du temps, Suzume est techniquement irréprochable ; sur un écran de cinéma, on en prend plein les mirettes, tant ça pète de couleurs, et on y perçoit même un des tics du réalisateur, à savoir le plan du ciel à 360°. L'histoire m'a fortement touché, car outre le fait que ça parle en fond des catastrophes naturelles, il est aussi et surtout de l'émancipation d'une adolescente, Suzume donc, qui n'a toujours pas réussi à faire le deuil de son passé tragique, et avec ça la découverte de l'amour via Sota, ce garçon qui cherche ces portes à sceller, mais dont leur histoire va être fortement perturbée par la présence d'une chaise, je n'en dirais pas plus...
Le film traite aussi des réseaux sociaux, à cause d'un chat un peu particulier, mais la question écologique est également présente, surtout depuis Fukushima, et on passe ainsi par des passages parfois amusants, une bonne partie de l'histoire est un road trip à travers le Japon, mais aussi de l'émotion, pour au final quelque chose de très fort. C'est peut-être un chouia trop long, et on sent une nette cassure de rythme dans la 2e partie, qui se situe après Tokyo, mais Makoto Shinkai est un réalisateur vraiment passionnant, jamais vulgaire, toujours subtil, et au message plus profond qu'il n'y parait.