Pica… chu(t)
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le 25 janv. 2020
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Une œuvre très intrigante qu’est ce premier long de Mirabella-Davis, où l’on navigue entre drame psychologique et social, thriller un peu malsain, brulot anti-patriarcat et parfois comédie de mœurs.
Le mélange des genres est à la fois ce qui lui donne un supplément d’âme, et ce qui saborde un peu le film. On ne sait pas si on doit rire de l’absurdité de la belle-famille et de cette drôle de pathologie (la salle a beaucoup ri durant la séance), être dégouté, ou pleurer le sort de cette jeune femme. Le jeu de l’actrice Haley Bennett, excellente, toute en étrangeté, en désincarnation et en duplicité, n’aide pas à se faire une idée.
Reste que le film a beaucoup de qualités, notamment sa photographie, son décor principal sobrement oppressant, et certains plans dont des inserts malins sur les aliments, comestibles ou non. Des sauces, aussi, qui sont expulsées avec fracas. Comme autant de respirations, le film joue constamment avec cette alternance d’ingestions et d’expulsions. L’ingestion symbolisant surtout la compensation d’un mal-être, et l’expulsion la condition d’un mieux-être.
Sur le propos, on assiste à la déchéance d’une femme qui vit pour les autres, et qui peine à se convaincre qu’elle est assez valable. Sa grossesse sera la goutte (pardon…) qui fait déborder le vase et va lu faire développer un trouble alimentaire consistant à manger des objets en principe non comestibles, et donc dangereux pour elle. Cet embryon en développement ne sera donc que le premier d’une longue série de corps étrangers à finir dans le ventre d’Hunter et à la détruire physiquement ou symboliquement de l’intérieur.
Si le développement de la pathologie est intéressant et bien mené, la ficelle psychanalytique est cependant beaucoup trop grosse, et le dénouement trop simple. Le film est assez court, et peut-être que passer quelques minutes de plus à traiter le passé d’Hunter et notamment sa relation avec sa mère aurait rendu le tout plus crédible.
La fin du film laisse à penser que pour se donner une chance de se réincarner et se libérer (ce qui est exprimé en plan final par une porte ouverte, fusse-t-elle celle des chiottes), elle va devoir se réapproprier son corps jusqu’à le débarrasser de ce qui veut y vivre. Au lieu de s’autodétruire en ingérant des objets, recommencer à vivre en expulsant un futur sujet. Le choc de l'image en plus. Pourquoi pas, c'est après-tout l'aboutissement de sa quête, voire sa chasse (Hunter). Mais au-delà de choquer le bourgeois je ne vois pas trop l'intérêt de tout nous montrer. J'aurais préféré une évocation plus subtile.
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Créée
le 20 janv. 2020
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