Un petit film de plateforme bis sorti de nulle part mais qui a hypé quelques festivals de niche et journalistes. Pourquoi pas? Il faut parfois se risquer à des territoires cinématographiques moins balisés (et moins financés). De prime abord, le postulat intrigue avec cet acteur porno gay qui va tomber dans une salle affaire de drogue aux tournants quelque peu extrêmes... En revanche, on a du mal à saisir la tactique promotionnelle de ce « Swallowed » (de sa bande-annonce en passant par la classification) qui voudrait le faire passer pour un film d’horreur. Ce n’est absolument pas le cas, il n’y aucune scène qui fait peur ni d’éléments fantastique ou d’épouvante ici. Si ce n’est cette drogue en elle-même et encore. Non, on est face à un simple thriller qui prend des virages parfois un peu crades à tel point qu’on se demande si on a vraiment envie de voir ça dans un film. En tout cas, c’est le genre de proposition qui ne va pas plaire à tout le monde.
Le problème majeur de ce « Swallowed » demeure néanmoins son budget que l’on sent éminemment restreint. Des acteurs méconnus hormis - à la limite - Jena Malone, quasiment trois ou quatre uniques (et très tristes) lieux de tournage et des images peu inspirées voire laides. Pourtant c’est le réalisateur d’une bonne vieille petite série B des années 2000 qui est à la barre. En effet, Carter Smith nous avait proposé le film « Les Ruines » et sa bande d’ados piégée par un sortilège maya très botanique (et bien écœurant) à l’époque. Le temps a passé mais on dirait que l’homme a régressé plus que progressé à tous niveaux tant ce petit film insignifiant et bizarre fait pâle figure comparé à son premier. Et, comme persuadé du contenu gênant de son idée (plus qu’un véritable scénario), il se repose dessus mais nous assène au final un petit thriller statique et peu inspiré où la plupart des séquences s’étirent inutilement en tentant de masquer la minceur de cette histoire tordue.
Heureusement, on ne peut nier que certains moments (notamment dans la première partie) soient vecteurs d’une certaine tension. Et d’un malaise. Mais, ici, ce dernier viendra plutôt de la manière dont peut agir cette drogue vraiment singulière et comment la retirer du ventre des personnages chargés de faire les mules. Une petite affaire de passage de drogues d’une frontière à l’autre (USA vers le Canada et pas le Mexique pour une fois) qui va prendre une tournure complètement crade et étrange. Et on se demande si le réalisateur ne fait pas une fixette sur les choses anales tant c’est appuyé ici et inutile. Et difficile d’y voir un message contre l’homophobie...
Au final, Smith nous propose donc un mix peu concluant entre « Maria, pleine de grâce », film sur des mules entre le Mexique et les USA, un polar telle que la série « Ozark » et ses rednecks et un gros zeste des délires à la « The Human Centipede ». Imaginez un peu la chose... À vous de voir si ce type d’expérience cinéma extrême mais pas forcément concluante vous attire. Heureusement que le jeune acteur principal joue bien. Sinon on frôle régulièrement le Z et peut-être que du second degré eut été plus indiqué pour traiter une histoire pareille et tomber dans un bis assumé et revigorant. Ce qui n’est malheureusement pas le cas...
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