L'ange et la mort
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Avec ce film dont le titre est très difficilement prononçable, je pense détenir l’une des perles du cinéma indien dont l’odyssée que je tente modestement d’effectuer est fréquemment jalonnée. Mis en scène par Tinu Pappachan, ayant officié en tant qu’assistant réalisateur sur Jalikattu et Angamaly Diaries de Lijo Jose Pellissery, entre autres, ce dernier étant coproducteur sur cet excellent thriller carcéral à la mise en scène stupéfiante d’inventivité.
On reconnait immédiatement la pâte du génial réalisateur de langue malayalam, qui semble être son mentor, une mise en scène ultra-dynamique au montage nerveux et déconstruit qui vient agrémenter une photo très au-dessus de la moyenne avec toujours cette idée de mouvement perpétuel et d’inventions visuelles originales qui viennent se percuter, sans jamais mettre de côté son schéma narratif de base.
Ici, on est clairement dans une sorte de mixe entre L’Évadé d’Alcatraz et The Blade. C’est à peu près toujours ce film de Tsui Hark qui me vient à l’esprit, quand un metteur en scène use d’effets de style pour venir déconstruire un montage classique, ce n’est d’ailleurs pas innocent, j’en suis à peu près convaincu, tellement ce film aura eu un impact déterminant sur la cinématographie mondiale, souvent pour le pire, hélas. Ce qui n’est pas le cas, pour les films de Pellissery, mais également pour Pappachan qui s’accroche à cette idée de booster sa mise en scène par des effets de style percutants qui créent un dynamisme permanent et vient anoblir un schéma narratif assez basique.
C’te brochette de gueules ! J’adore les cinématographies du sud pour ça, que ce soit en Telugu, en Tamoul ou en Malayalam, on est très loin des standards Bollywoodiens avec ses Shah Rukh Khan ou ses Hrithik Roshan en mode beau gosse. Que ce soit Anthony Vargese, Vinayakan ou Anil Nedumangad, en mode bucherons, aux visages barbus taillés à la serpette, on a même droit à l’apparition de Lijo Jose Pellissery lui-même dans le rôle d’un avocat véreux, ça donne un véritable cachet d’ordre esthétisant en quelque sorte, et instille un certain formalisme bovin, c’est le seul terme qui me vient à l’esprit pour évoquer mon ressenti…, du meilleur acabit.
Usant d’effets élégants et d’un montage ultra nerveux, le réalisateur parvient à nous tenir en haleine pendant les plus de heures de son métrage en maîtrisant à peu près toutes les possibilités qui s’offrent à lui de réussir à ne jamais ennuyer grâce aux possibilités qu’offrent le cinéma de ne pas se foutre de la gueule des spectateurs. On appelle ça de la mise en scène. Et Pappachan est très doué en ce sens.
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le 7 janv. 2023
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