Je suis en colère, je divorce.
Oui, en colère. Jusqu'ici, je ne faisais pas vraiment partie des gens qui clamaient haut et fort la déchéance de Burton au fil des ans. Mais il faut à présent se rendre à l'évidence : si Alice m'a déçue, Sweeney Todd m'a horrifiée.
Sweeney Todd, ou la déception presque immédiate.
Dès le début, la pauvreté du chant m'a irritée. Aucun rythme, aucune mélodie, pas de talent, rien. C'était insupportable.
J'ai beaucoup donné dans l'esthétique gothique : je l'aimais beaucoup avant. Maintenant j'en ai assez, c'est trop, c'est cliché, ça m'a laissée de marbre à tout instant, excepté peut-être lors du rêve éveillé de Bonham Carter : les robes qu'elle portait lui allaient assez mal (sauf une, oui j'ai l'oeil), mais elles étaient de toute beauté.
Cliché : c'est le mot. Le début en tout cas est plus que cliché : il est pathétique, mais d'un pathétique forcené, sans aucune surprise, ni aucune empathie. Ces chansons, chantées avec si peu de passion, m'ont donné le sentiment que personne n'y croyait, dans ce film.
D'ailleurs, malgré la présence de grands acteurs, ils surjouent, ils sont mauvais, Timothy Spall est toujours exécrable, le jeune beau est une tête à claques... seule Bonham Carter est correcte, même si son énième rôle de méchante à belle robe m'a insupportée.
J'ai cru ne jamais pouvoir tenir. J'ai cru jeter l'éponge, plusieurs fois. J'ai cru ne jamais pouvoir supporter les chansons, et l'abominable lenteur du film.
Et puis un minuscule regain d'intérêt en moi : après une heure d'ennui lamentable, on parle de cannibalisme. Un vague espoir anéanti presque aussitôt par la fameuse colère qui me dévorait à l'encontre de Burton. Cependant je dois avouer que je me suis moins ennuyée, et j'ai fini par m'intéresser un peu à l'histoire.
Les scènes gores se faisaient attendre, puis tout à coup se succédaient sans queue ni tête, sans jouissance (le gore me fait usuellement jouir et rire mécaniquement), avec une abondance de peinture rouge moche ; mais au moins il se passait quelque chose.
Et puis il a fini par se passer des trucs un peu classe, un peu originaux. Je ne vais pas spoiler, mais même si rien ne m'a à proprement parler surprise, j'ai eu le plaisir de constater qu'on avait pas la happy end tant redoutée, ce qui m'a décidée à remonter d'un point la note que je comptais attribuer au film.
Le second point, je le donne pour les décors qui, s'ils m'ont laissée roide, étaient en soi assez fouillés. Je suis très généreuse.
J'avoue ne pas comprendre comment on a pu me recommander ce film. Peut-être suis-je dure, peut-être mon emportement est-il démesuré mais JE FAIS GREVE DE BURTON. C'est décidé. Je ne crois plus en toi, la période Ed Wood et Edward aux mains d'argent c'est fini, et c'est sur Senscritique, Mesdames et Messieurs, que j'officialise la rupture. Entre nous, maintenant, c'est fini.