A aucun moment Jane Campion ne m'a intéressé au cas psychologique de Kay, une jeune femme névrosée dont les troubles affectifs se manifestent essentiellement dans son incapacité à consommer son mariage. Mon indifférence tient probablement à la construction singulière du récit, laquelle, certes, tourne le dos aux conventions des études psychologiques courante, mais qui, aussi originale soit-elle, tend à obscurcir la nature des rôles.
Plus que les mots, Jane Campion utilise l'image pour exprimer le malaise de ses personnages. Ses cadrages très "photos d'art" et un montage chaotique, déstructurant, donnent un aspect irréaliste au sujet. Sous cet angle, la réalisatrice examine les rapports familiaux de Kay, sa relation avec ses parents et, surtout, avec sa soeur Sweetie, aussi exubérante et plantureuse que Kay est introvertie et sèche. Le rapport entre les deux soeurs prend une dimension psychanalytique au point que Sweetie peut apparaitre une part de Kay, une part embarrassante.
Cela dit, j'étais peu disposé à aller pêcher les indices psychologiques que Campion suggère, tant est rebutant le formalisme de la réalisation, tant la mise en scène fait passer peu d'émotions.