Swing Vote - La Voix du cœur par Eowyn Cwper

Faire tenir les résultats des élections présidentielles américaines à un seul vote, un swing voter indépendant répondant au nom de Bud, sans éducation et sans convictions. Voilà l’idée "qui n’arrive que dans les films", par définition pas crédible, que le film veut explorer. Mais pas crédible ne veut pas dire impossible, et le ton a été trouvé pour nous le rappeler.

On va passer du cirque médiatique au roman familial sans transitions ni demi-mesures, la comédie étant grossière, mais la caricature suffisamment légère pour faire rire de la maladresse de Bud comme de l’hypocrisie ronflante des deux partis qui font campagne pour cette voix décisive. Pendant ce temps, Swing Vote donne à voir un chaos dont on fait mine qu’il ne se produira jamais, mais qui, bizarrement, est bien possible.

En mettant en contact direct les candidats avec un homme du peuple, il pose de grandes questions sur le rapport de l’individu avec le système, donnant un point de vue dynamique (à défaut d’être captivant) sur les dilemmes et les contradictions de la politique de nos jours. En se servant par ailleurs de l’archétype du récit initiatique (celui de Bud, qui va bien sûr finir par se trouver en tant que père et en tant que personne), il dévoile quelques rouages de la grande machine à faire marcher le monde. Avec enfin des passages tendres et un discours moins moraliste que ce qu’on pouvait attendre, Swing Vote nous laisse avec deux questions auxquelles je n’ai pas les réponses : ce scénario serait-il différent en vrai, et ce film est-il, bon sang de bonsoir, politiquement neutre ou profondément engagé ?