En général, le cinéma français a du mal avec les histoires mêlant des fantômes. Et ô miracle, le résultat s'avère ici réussi, même si on n'échappe pas à une certaine mièvrerie.
Si on veut résumer l'histoire, c'est celle d'une jeune fille de 16 ans, Sylvie, qui, obnubilée par par le tableau d'un jeune chasseur, croit converser avec son fantôme. Son père va vouloir lui chasser cette idée de la tête en invitant plusieurs jeunes hommes à jouer le rôle de fantômes (avec draps blancs) afin qu'elle tombe amoureuse.
On peut aussi résumer que c'est une jeune fille qui refuse le contact avec la réalité. Le film étant quasiment entièrement tourné en studios, elle est cloitrée et semble ne pas pouvoir sortir de son univers.
Odette Joyeux, qui incarne Sylvie, est peut-être un peu trop âgée pour le rôle (elle avait 32 ans à l'époque du tournage), et a en elle une certaine tristesse, une gravité qui ne sied pas tellement à l'histoire, qui se veut quelquefois comique avec ces faux fantômes qui déboulent dans ce château.
Mais ce film reste connu pour avoir été l'un des seuls rôles de Jacques Tati, en-dehors de ses films : ici, il incarne le fameux chasseur qu'on voit sous la forme d'un fantôme, et sa présence à l'écran est matérialisée par un trucage très novateur pour l'époque : il apparait de façon translucide aux côtés des autres êtres vivants de l'histoire.
On peut penser au surréalisme à la Cocteau (dont le producteur et le scénariste furent très liés), mais il manque cette touche d'émotion, et au fond, l'histoire est un peu trop niaise pour totalement me convaincre.
En termes de fantôme, rien ne vaudra jamais Mrs Muir, mais pour le cinéma français, ça reste convaincant.