Table No.21
Table No.21

Film de Aditya Datt (2013)

Sorti cette année, en 2013, en Inde, "Table n°21" n’est mystérieusement pas sorti en France. Pourquoi ? Parce que les distributeurs sont frileux ? Parce que l’Inde est injustement méprisée dans nos vertes contrées ? Non. Rien de tout ça. Parfois il faut le reconnaître : heureusement que tout ne sort pas en France car j’imagine ma gueule si je m’étais déplacé au cinéma pour voir ça. En réalité, "Table n°21" n’est pas sorti en France parce que ce film est juste une blague. Alors autant je suis demandeur de ce genre de films bollywoodiens qui s’efforcent de sortir du modèle traditionnel bien contraignant et bien lourd, autant face à de tels résultats je dis « non merci ». En gros, le principe est simple : on veut faire du bon thriller à l’américaine... mais sans s’affranchir de tous les tabous et lourdeurs du cinéma industriel indien ! Et le résultat est juste... magique. Parce qu’au fond, on a quoi ? On a un thriller qui essaye d’instaurer une atmosphère tendue avec des couleurs chamarrées et des acteurs et des dialogues dignes d’une télé novela. Et comme le réalisateur a peur de perdre son public indien, il est très prudent dans ce qu’il dit et dans ce qu’il montre, si bien qu’on se retrouve avec des ressorts de suspense assez incroyables pour des Occidentaux comme nous. « Aimez-vous votre femme ? » Suspense... Musique angoissante. Il a un détecteur de mensonge. Que va-t-il répondre ? « Oui, je l’aime ». Ouf ! La morale est sauve ! Un homme marié qui n’aime pas sa femme ? Quel scandale cela aurait été ! « Et vous madame, il y a-t-il des choses que votre mari ne sait pas de vous ? » Suspense. Tension totale. « Oui. » Patatra ! Et alors là on a le droit à toute l’emphase du cinéma bollywoodien : c’est la fin du monde ! Et je ne parle pas des défis impossibles à réaliser comme : s’embrasser en public, manger un plat de viande, ou – mon préféré – choisir entre couper un bras à sa femme ou lui couper les cheveux. (Je ne rigole pas : ils hésitent longtemps, et l’argument qui l’amène à choisir les cheveux plutôt que le bras n’est même pas « l’un repousse, pas l’autre »). Le pire, c’est que le réalisateur n’a finalement rien compris au principe du thriller, ou plutôt il n’a pas eu l’audace de l’appliquer. Le thriller va là où ça gène, là où on ne sent plus en sécurité, y compris morale. Or, ce film n’ose aller nulle part. Il se contente juste de s’appuyer sur un méchant à la coupe hideuse, et de temps en temps de baisser la lumière en mettant un gros bruit de tonnerre. C’est juste consternant. Et tout ça pour en arriver où ? Selon moi, tout ça a au moins eu le mérite de me faire arriver à un constat : les mélanges de cultures, les recherches d’inspiration chez les autres, à la base, c’est chouette. Seulement voilà, encore faut-il faire le truc jusqu'au bout et sincèrement, parce que sinon, ça donne "Table n°21" et c’est pathétique. Un film à éviter donc ou, au contraire, à voir absolument pour découvrir une nouvelle forme de cinéma de merde...

Créée

le 17 sept. 2017

Critique lue 224 fois

Critique lue 224 fois

Du même critique

Tenet
lhomme-grenouille
4

L’histoire de l’homme qui avançait en reculant

Il y a quelques semaines de cela je revoyais « Inception » et j’écrivais ceci : « A bien tout prendre, pour moi, il n’y a qu’un seul vrai problème à cet « Inception » (mais de taille) : c’est la...

le 27 août 2020

238 j'aime

80

Ad Astra
lhomme-grenouille
5

Fade Astra

Et en voilà un de plus. Un auteur supplémentaire qui se risque à explorer l’espace… L’air de rien, en se lançant sur cette voie, James Gray se glisse dans le sillage de grands noms du cinéma tels que...

le 20 sept. 2019

207 j'aime

13

Avatar - La Voie de l'eau
lhomme-grenouille
2

Dans l'océan, personne ne vous entendra bâiller...

Avatar premier du nom c'était il y a treize ans et c'était... passable. On nous l'avait vendu comme l'événement cinématographique, la révolution technique, la renaissance du cinéma en 3D relief, mais...

le 14 déc. 2022

161 j'aime

122