Tembo Tabou/Taize Meetings.

Dur dur de s'attaquer à ce "monument" de l'année 2012 et après tant de critiques, plus ou moins élogieuses.
"Tabu", c'est un film portugais, un film étrange, l'astéroïde Apophis au plus près des yeux. Alors cette critique s'adresse à tous ceux qui, comme moi, ne savent pas quelle idée s'en faire. (Je ne prétend pas par là transcender vos esprits par mon verbe mais seulement apporter un modeste éclairage).
Le film se subdivise en deux parties. Une actuelle se déroulant à Lisbonne où l'on retrouve le trio du synopsis habituel, partie assez monotone (pour moi) et qui cherche à dévoiler les trésors du quotidien en le sublimant, un peu à la Wong-Kar-Wai sauf qu'ici peu de chose se produisent dans l'esprit intrigué et critique du spectateur.

Cependant, (je ne serai pas par trop acerbe et vil) il faut noter la beauté des scènes, l'esthétique, les plans (le film est de plus tourné en 9/3 et en B&W), la musique et surtout, la lumière ! A un tel point qu'on croirait voir, parfois, de l'argentique, au moment ou les pupilles du grain se mettent à vaciller.

Revenons à cette première partie, les relations entre les trois femmes sont marquées par la maladie de l'une, la rigidité de l'autre et la bonté de la dernière. L'atmosphère mélange plusieurs thèmes, le bon, le réalisme et la religion. Je dirai pour ce dernier terme que j'y retrouve, parfois, des parfums, des couleurs d'"Au delà des Collines".

L'histoire se clôt pour déboucher sur une deuxième, dans l'histoire. En 1920, dans la brousse africaine des colonies portugaises. Certains protagonistes de la première partie s'y retrouvent, le rendu historique est impressionnant, décors, paysages, vie quotidienne. Le réalisateur m'a avant tout marqué par sa façon de recourir à des procédés auxquels on ne s'attend pas. Ainsi notre attention est portée au maximum et les presque deux heures passent plus lentement, comme pour savourer chaque détail. Certaines scènes, en trop (selon moi qui n'ai pas assez de recul) semble normales, les relations et conflits d'intérêts de l'élite blanche émaillent la trame, les noirs, impassibles, observent. Ce sont peut-être les sages, comme dans la partie actuelle. L'intrigue africaine est singulièrement rattachée à la première, on s'en doute, reste à savoir comment.

En définitive, un film à voir, ne serait-ce que pour son esthétique (certaines images m'ont marquées, le réalisateur sait ce que l'on va voir et quel point de l'image nous allons fixer), la seconde partie, muette où un jeu entre les sons d'ambiances et les lèvres des acteurs est esquissé, de très bons acteurs, l'éclectisme des choix du maître Gomes et le côté pas si sur-fait et "vintage" que ça et auquel on aurait pu s'attendre, malheureusement.
Tob
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le 18 janv. 2013

Modifiée

le 18 janv. 2013

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Tob

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