Bien qu’Italien, Taeter city a des airs de film Japonais : ça m’a fortement évoqué Tokyo gore police, pour son cadre futuriste dystopique et tout ce délire gore. Les bases de l’univers créé par Giulio De Santi sont hautement stupides… mais cohérentes, et il faut admettre qu’il y a un concept un minimum réfléchi. Taeter city est une ville soi-disant paisible, où des ondes radios sont diffusées pour agir sur les humains qui ont une certaine déformation du cerveau, qui est spécifique aux détraqués. Ces ondes les poussent alors à manifester de la violence non pas envers les autres, mais eux-mêmes. Une fois morts, leurs corps sont récupérés par des bikers au service du gouvernement, et servent de nourriture au reste de la population.
Ce qui ne fait pas sens par contre, c’est que seule la viande humaine est autorisée à la consommation. Comme s’il y avait suffisamment de criminels pour nourrir quotidiennement toute une ville…
Les ondes ont toutefois fait muter un de ces criminels, qui peut désormais projeter, par sa voix, des ondes qui rendent agressifs. Et là par contre, le réalisateur en a plus rien à foutre de la cohérence de ce qu’il a établi, un personnage le dit carrément : il comprend pas comment cette mutation est possible, "this is fucking nonsense !".
Le film est entrecoupé d’émissions et de pubs de T-Channel, qui font la promotion des Taeter Burger et divers autres produits faits à partir d’humains. C’est un procédé qui fait état du quotidien des habitants, on a déjà vu ça dans Robocop ou Starship troopers, où c’était déjà pas toujours subtil, mais dans Taeter city c’est encore plus lourd et à peine drôle.
Certes, je m’attendais pas à un long-métrage bien subtil, mais tout de même… quand on voit les types du gouvernement avec des masques de crânes et qui font des saluts nazis… si j’étais les habitants de Taeter city, je me méfierais un peu.
J’ai pas été surpris de voir Paul Verhoeven en remerciement au générique, mais justement pendant le film j’ai repensé à Total recall, qui arrivait, contrairement à Taeter city, à mêler le trash avec un propos intelligent et une esthétique correcte. Et je me suis demandé si Giulio De Santi l’avait vu et aimé (j’imagine que oui, du coup), et dans ce cas-là, pourquoi ne pas avoir pris exemple là-dessus, pour éviter de telles lourdeurs et maladresses ? Pour Starship troopers, Verhoeven s’inspirait des nazis pour les uniformes de ses protagonistes, mais jamais il se serait abaissé à leur faire faire le salut nazi. De Santi a-t-il pensé à des choses comme ça en faisant son film ?
Enfin bref, ce n’est pas ce qui m’a le plus dérangé. C’est plutôt l’esthétique tout simplement immonde. Là encore, De Santi a opté pour la facilité : pour donner un style visuel à son film, il a opté pour un étalonnage monochrome, qui baigne les séquences entièrement dans un bleu violacé, ou un jaune pisseux. Le pire toutefois, ce sont ces effets de tremblements légers de l’image, en permanence ! Comme si on voyait le film sur une vieille TV détraquée. Ca n’a pas de justification, et ça prend très vite la tête. J’ai cru au début que c’était un problème d’entrelacement de la vidéo, mais non, c’est visiblement un choix du réalisateur, et j’insiste sur le mot "choix", il faut bien penser qu’il a eu cette idée, l’a appliquée, a vu ce que ça donnait, a sûrement dû soutenir ce choix face aux protestations d’autres personnes, et a sorti son film ainsi.
Dernier point négatif que j’aborderai concernant le côté technique : le doublage, d’un amateurisme qui ramène 30 ans en arrière. Le film est Italien comme je le disais mais tous les acteurs ont été doublés en anglais, la plupart du temps ils portent des masques mais les rares fois où on voit leurs lèvres c’est catastrophique. L’actrice principale surtout, elle n’exprime rien par son visage, ce qui dénote avec la voix qui lui est attribuée ; elle a clairement été choisie uniquement pour sa poitrine, mise en valeur par le décolleté de sa tenue de cuir.
Alors venons-en à l’essentiel : l’hémoglobine. Les effets gore cheaps côtoient ceux incroyablement bien foutus, où l’on croirait voir de la véritable peau se faire découper, pour dévoiler de la vraie viande en-dessous.
Il y a des effets très astucieux, et des tortures inventives, le contexte SF permettant des idées nouvelles.
Je sais pas comment ça s'est passé pour le tournage, mais à côté de ça, quand on voit les effets totalement ratés pour faire passer des jouets pour de véritables motos, et donner l'impression que des acteurs immobiles roulent à toute vitesse...
Mais même les scènes gores ont fini par m’ennuyer ; le rythme est mou, et le film est tellement désagréable à regarder tant c’est moche et mal filmé. Et pourtant Taeter city ne dure qu’1h12… avec un générique de fin de 10mn !
C’est difficile de trouver des films gores avec du talent, aussi savoureux qu’un Braindead ou Machine girl. Je pense que je vais poursuivre avec Adam Chaplin et American guinea pig, uniquement pour le gore ; j’ai renoncé à trouver une bonne mise en scène et un bon scénario.