Taeter City est une dystopie où le gouvernement (appelé ici l'Autorité) mène une campagne de propagande acharnée visant à faire manger, au sens littéral du terme, la criminalité à ses bons citoyens.
Pour cela, il met en place le système Zeed qui envoie continuellement des ondes destinées à repérer toute personne atteinte du syndrome alpha, c'est-à-dire les potentiels criminels, et les élimine en les stimulant de manière à ce qu'elles se suicident. Une escouade de motards à la solde de l'Autorité est chargée de finir le travail en cas d'échec.
Les corps sont ensuite envoyés à l'abattoir pour y être transformés en nourriture prête à consommer et distribuée par une puissante firme de l'agroalimentaire dont l'une des missions est d'initier tout citoyen dès sont plus jeune âge au cannibalisme.
Les thèmes sont évidents (l'ultra-sécurité, le lobbying de l'industrie agroalimentaire, le capitalisme) mais ne servent finalement que de prétextes à un gigantesque défouloir extrêmement gore, regorgeant d'idées plus ou moins bancals.
Si les vingt premières minutes sont efficaces, le film révèle rapidement ses limites, la faute à un manque cruelle de structure narrative et une absence totale de caractérisation des personnages.
Le film navigue donc entre entre spots de publicité, propagandes à la gloire de l'Autorité et scènes d'action sanglantes. Ce que faisait très bien Starship Troopers (en beaucoup plus friqué et long), Taeter City se contente ici de répéter en boucle les mêmes scènes sans équilibrer leur temps accordé à l'écran. Résultat, l'histoire est phagocytée par le reste, les personnages sont transparents et réduit à un concept.
Même si on sent qu'il s'agit d'une volonté assumée du réalisateur de privilégier la forme au détriment du fond, l'ensemble devient vite très répétitif et il est frustrant de voir s'échapper quelque chose qui aurait pu donner un petit film de SF horrifique honorable.
Quand est-il de la forme alors? Si le film suivant de De Santi s'inspirera ouvertement du genre vidéoludique FPS, Taeter City emprunte davantage aux comics. Chaque plan semble être une vignette mettant en scène une violence graphique aux couleurs très contrastées. La photographie est propre, le montage précis et malgré son manque flagrant de moyens, le film dégage une énergie et un style indéniables.
Le gore y est un éléments plus que récurrent et traité sur un mode particulièrement outrancier. Membres découpés, tripes arrachées, têtes explosées par centaines, des litres et des litres de sang, rien n'est fait dans la dentelle. Si le réalisateur semble vouloir repousser les limites du montrable, il y injecte également une certaine dose de second degré et de crétinerie suffisante pour atténuer l'aspect presque puéril qu'il pourrait y avoir à faire autant dans la démesure.
Les maquillages sont d'ailleurs assez réussis, à la fois un peu cheap et très 70's, contrairement aux décors à l'esthétique pauvre et aux SFX souffreteux.
Avec une durée d'à peine une heure et cinq minutes, Taeter City ne souffre pas trop des défauts cités précédemment. Pour peu que la curiosité soit au rendez-vous, l'expérience demeure intrigante et intéressante, entre série Z et cinéma underground.
Giulio De Santi n'a pas les moyens de ses ambitions mais il parvient tout de même à divertir et retenir suffisamment l'attention pour suivre le reste de sa maigre filmographie et ses œuvres à venir.