La tchatche face au mutisme

Vers la fin des 2000's, Francis Veber s'est révélé moins percutant à l'image de La Doublure (2006) et du bide commercial de son remake de L'emmerdeur (film qu'il avait écrit, mais pas réalisé), scellant au passage sa carrière de réalisateur. Mais avant cela, il avait signé Tais toi, comédie reposant sur un duo atypique comme il aimait en faire depuis les 80's.

Un film qui lui permettait de retrouver Gérard Depardieu et Jean Reno, deux acteurs qu'il a déjà dirigé mais pas ensemble. D'un côté, le braqueur de pacotille qui cause énormément, au point de rendre fous ses codétenus. De l'autre, un homme souhaitant venger la mort de son amante (Leonor Varela) en soutirant de l'argent à son tueur de mari (Jean-Pierre Malo) et s'enfermant dans le mutisme. Jean Reno convient bien au rôle, puisque sa seule présence physique suffit et il n'a pas besoin de beaucoup de répliques.

Mais Depardieu casse littéralement la baraque. L'acteur avait pas mal maigri à cette époque et n'avait rien du dur à cuire qu'il a déjà joué pour Veber. Même si le personnage a une certaine force, Quentin est un personnage qui cause et une fois qu'il est lancé, on ne l'arrête plus. Idem pour ses actions, tenant souvent du génie comme voler une voiture de police, puis une autre parce que ce n'est pas la même. Quentin est un gimmick comique ambulant comme on peut les aimer et Depardieu est jubilatoire dans ce rôle.

On peut toutefois reprocher le moment creux avec Varela en immigrée vagabonde qui n'apporte rien à l'intrigue ou des péripéties un peu redondantes (des hommes du mari attaquent le duo, ils se font démontés, ils reviennent, redémontés...). Mais Tais toi reste bien le dernier grand film de Francis Veber et son cinéma manque cruellement au cinéma français actuel.