Francis Veber, c'est ce fameux scénariste créateur des héros François Pignon ou François Perrin. Notons au passage que j'ai toujours préféré rire sur les aventures d'un Perrin plutôt que sur celles d'un Pignon.
Sauf que là, surprise des surprises, il n'y a ni Perrin ou Pignon ni Campana ou Lucas. Mais il y a deux personnages qui ont des traits qui les rappellent bigrement …
C'est le petit coup de génie de ce film. Depardieu qui avait la stature et la personnalité habituelle d'un Campana (ou d'un Lucas) se retrouve dans la peau d'un Pignon face à un Jean Reno qui reste dans la peau d'un Campana. Pour faire simple. Parce qu'habituellement les deux personnages s'opposent complètement, sous l'angle mental mais aussi physique. L'un, c'est le boss, plutôt fonceur, costaud mais parfois bas du front tandis que l'autre, c'est le faire valoir, minus, malchanceux, malingre et pleurnichard.
Mais là, Depardieu a quand même une certaine carrure que Veber ne pouvait quand même pas ignorer.
Au final, Jean Reno (le Campana de service qui s'appelle, ici, Ruby) est un loup solitaire très intraverti, costaud qui veut se venger d'un truand qui a assassiné la femme qu'il aimait.
Et Depardieu (ici, Pignon devenu Quentin, de Montargis) joue un personnage maladroit, très extraverti, un peu candide mais très simple d'esprit. Contrairement à un Pignon de base, il sait se servir de ses poings et est même un spécialiste du vol de voiture. Pour résumer, un costaud mais un emmerdeur tendance abruti. À la recherche d'un ami …
Depardieu fait merveille dans ce rôle à contre-emploi. C'est tout le talent de cet acteur immense d'être capable, régulièrement, de se prêter à des rôles de composition où on ne le verrait pas a priori comme chez Corneau (Tous les matins du monde) ou chez Resnais (Mon oncle d'Amérique) ou chez Pialat (Sous le soleil de Satan), etc
Jean Reno est plus dans son rôle habituel mais son personnage reste intéressant. Ne serait-ce que par l'évolution que Veber lui fait subir entre le début et la fin.
Et puis les deux acteurs sont très bien servis par un casting de qualité avec de bons seconds rôles comme Dussolier dans le rôle d'un psychiatre, Michel Aumont dans le rôle d'un psychiatre devenu fou, Richard Berry dans le rôle d'un commissaire, Tikky Holgado, Jean-Pierre Malo, etc …
Pour conclure, c'est un film que j'ai trouvé plutôt réussi avec certaines scènes hilarantes.
Comme tous les autres films de Veber que j'ai déjà commentés, je vais mettre une note provisoire à 7. Lorsque je bâtirai la liste des films de Veber (il m'en reste encore un à commenter), je réajusterai les notes.