Le premier long-métrage d'Ena Senidjarevic ne raconte pas sa propre histoire, celle d'une enfant bosnienne qui a quitté son pays avec ses parents au moment de la guerre, à l'âge de 5 ans. L'héroïne de Take me somewhere nice, Alma, est plus jeune, née aux Pays-Bas, et en voyage en Bosnie pour la première fois. Un récit initiatique donc avec sortie de l'adolescence pour la susdite et découverte de la contrée de ses origines. Le road trip est constitué d'un certain nombre de péripéties, pas franchement passionnantes mais traitées d'une manière très stylisée, avec des prises de vue souvent incongrues, signe que la réalisatrice a comme première intention de faire "original". Cela ne fonctionne pas toujours et ne pallie pas la minceur du scénario et des dialogues, lesquels se heurtent de toute manière à la moue quasi systématique de son interprète principale, dont la psychologie reste mystérieuse. Ena Senidjarevic voulait parler de la nouvelle génération bosnienne, celle de l'après-guerre en ex-Yougoslavie, qu'elle soit sur place ou émigrée ailleurs en Europe mais le film, s'il séduit parfois par son réalisme magique, manque définitivement de substance pour plaire sur la longueur. A l'image de ses personnages, mal caractérisés, qui semblent flotter dans un monde qu'ils n'arrivent pas à investir.