En début d'année, je suis allé voir « Take Shelter » au cinéma. Sorti le quatre janvier dernier, il est apparu sur nos écrans accompagné de critiques unanimes et élogieuses. Ma curiosité a donc été attisée et je me suis donc laissé tenter. Ce film de deux heures est réalisé par Jeff Nichols dont je n'avais encore vu aucun opus. « Take Shelter » se traduit par « se mettre à l'abri ». L'affiche est dans la lignée du titre. On y découvre une famille solidaire devant un abri souterrain sur un fond de tornade au loin.
L'histoire est construite autour de Curtis LaForche. Il mène une vie paisible dans une petite ville américaine comme il en existe tant. Mais des cauchemars récurrents génèrent chez lui l'appréhension d'une terrible tempête qui marquerait la fin du monde. Cela devient une obsession qui l'amène à négliger son travail et à mettre en difficulté sa famille. Et la situation n'est pas amenée à s'arranger avec le temps...
« Taker Shelter » est incontestablement un film d'ambiance. Il faut avant tout y aller pour les sentiments que déclenche la vision de ce film. A cela se greffe une immersion dans la vie quotidienne américaine. Enfin, la thématique familiale est également très intéressante. Pour résumer, cet opus possède plusieurs cordes à son arc. Il restait donc à savoir si toutes allaient arriver à jouer à harmonie. Ce film était donc attrayant à plus d'un titre.
Concernant l'atmosphère, elle est oppressante à souhait. Les premiers sentiments de malaise sont générés par son premier cauchemar. La salle retient son souffle pendant cet instant qui semble durer une éternité. Chaque nouvelle angoisse nocturne monte en intensité. On fait corps avec le personnage principal. L'intensité de ces moments-là nous offre du grand cinéma, de celui qui ne laisse pas indemne. Le malaise ressenti se mélange au plaisir de vivre ces instants-là. Le réalisateur offre sur ce plan-là un travail de grande qualité.
Le deuxième thème central du film est la famille. Curtis est marié à sa femme Samantha. Ils élèvent leur fille malentendante Hannah. La famille est unie. Les cauchemars ont pour conséquence de mettre leur structure en difficulté. Curtis est obsédé par ses angoisses et cela n'est pas sans conséquence dans ses rapports avec les autres et avec sa femme en particulier. Je trouve que l'évolution de leurs relations est subtilement traitée. A aucun moment, le film tombe dans l'excès ou dans la caricature. On n'enchaine pas les mises au point sur fond de cris et de larmes. Ce choix a pour conséquence d'offrir des moments très intenses qui ne laissent pas indifférent.
Sans trop entrer dans les détails, la performance des acteurs est remarquable. Michael Shannon est impressionnant. Il donne vie à son personnage schizophrène avec un talent assez unique. Je vous laisse partir à sa découverte. Jessica Chastain incarne une épouse aimante avec une tendresse pour son mari particulièrement touchante. A cela s'ajoute une galerie de personnages secondaires qui servent de témoin à la fuite en avant du personnage principale. Il donne vie à la communauté de laquelle Michael se coupe par son comportement.
En conclusion, je vous conseille vivement ce film. Même si elle ne fait que débuter, cela ne m'étonnerait pas qu'il soit les meilleurs quand il sera l'heure de faire le bilan de cette année cinématographique. De plus, il est assez unique dans son genre. Il est toujours intéressant de découvrir une intrigue nouvelle dont on ne devine pas systématiquement le déroulement des minutes qui suivent chaque scène. Je ne peux donc que vous conseiller d'aller le voir. Vous ne regretterez pas ce voyage qui ne vous laissera pas indemne...
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