Take Shelter distille une angoisse communicative, et ce n'est pas seulement parce que Michael Shannon a une vraie tête à éplucher des grand-mères. On ne sait jamais totalement sur quelle Caterpillar danser, comme si le climat changeant des grandes plaines se reflétait au sol parmi les hommes. L'intrigue se fait tour à tour ciel laiteux et serein, doutes en gouttes éparses, rayons de soleil jaillis d'une enfant ou fracas secs d'un éclair. De quoi saloper les repères de quelqu'un comme Curtis, dont la terre est à la fois le métier et le refuge chimérique.
La mise en scène se fait contemplative, sans que ce soit au détriment de cette atmosphère, bien au contraire. La caméra s'attarde ainsi sur les regards, qu'ils soient incrédules, perdus, compatissants ou effrayés... la zone la plus calme d'un cyclone est bien son oeil après tout! S'attarde également sur le ciel, le filme sous toutes les coutures, jusqu'à en faire un personnage à part entière. En résulte ce rythme suspendu qui accentue la sensation de climat pesant, uniquement électrisé par de brusques et immersives scènes de cauchemars.