Matteo Garrone, jamais là où on l'attend, s'attaque avec Tale Of Tales à l'univers clivant du conte fantastique et livre, contre toute attente, un film réussi, souvent superbe.
En ne décidant d'adapter que trois contes de Giambattista Basile, inspirateur des plus grands comme Perrault ou les frères Grimm, Garrone signe trois histoires de femmes à différents âges qui sonnent justes par leurs thèmes contemporains ; le désir de jeunesse et de beauté, celui d'enfanter et celui de choisir son destin, le tout en y mêlant habilement une confrontation de générations.
Ces trois histoires, traversée par des personnages qui se perdront à trop vouloir l'impossible (redevenir jeune et belle lorsqu'on est vieille et laide, être enceintre lorsqu'on est stérile, épouser une princesse lorsqu'on est un ogre, posséder toutes les femmes lorsqu'on est roi, faire d'une puce un animal géant, etc.) cohabitent avec une grande lisibilité, grâce à un montage audacieux qui évite l'écueil du film à sketches (qui aurait été le format le plus communément choisi pour lier ces histoires).
On pourra certes reprocher l'interprétation pas toujours remarquable d'un casting international (où l'on remarquera que ce sont finalement les acteurs les plus célèbres qui semblent en donner le moins) et parfois aussi l'abus de steady-cam qui rend certaines scènes, notamment d'action, un peu maladroites.
Mais on ne pourra pas rester insensible à la mise en scène rigoureuse et élégante qui évite ce que l'on craignait (c'est-à-dire soit le grotesque, soit un traitement trop moderne froid, trop gore et érotique), et, dans des décors sublimes, produit des images magnifiques de poésie (une bataille sous-marine contre un monstre, une chauve-souris géante dont le cadavre dévoile celui d'une femme endormie, une source qui coule des racines d'un arbre ou encore un funambule sur une corde en feu), comme jamais vues au cinéma.