Voici Tale of Vampires qui nous vient de la Suède, pays qui n’est guère connu pour ses suceurs de sang, à la rigueur pour ses habitants à la peau pale. Le film d’Anders Banke serait même le premier film suédois à utiliser le mythe vampirique.

Il reprend les habituels codes, mais fait de ses vampires des créatures modernes, dans une Suède actuelle et plongée dans une obscurité de plusieurs jours. Une nuit qui ne se lève pas, bien normale dans cette région du globe, et qui ne peut être qu’un cadre rêvé pour un vampire allergique à la lumière du jour.

L’introduction se découvre avec un rythme assez haletante, prenant place pendant la Seconde guerre mondiale, en Ukraine où les rescapés d’une division de SS pensaient trouver refuge dans un chalet abandonné. Le cadre dépayse, dans ce cadre enneigé et forestier, avec un tel contexte militaire, laissant suggérer le potentiel d’un film horrifique qui s’étalerait tout le long de sa durée avec ces grandes lignes.

Le saut dans le temps pour arriver au présent du film ne se déroule pas si décevant, car il prend place dans une petite ville de Suède, plongée dans cette nuit omniprésente mais jamais trop sombre, où la neige fait partie du quotidien. L’arrivée de deux nouveaux arrivants dans cette ville va permettre de développer le film sur deux axes, suivant ces deux personnages. La doctoresse Annika prend ses fonctions dans un nouvel hôpital où travaille un grand généticien. C’est une adulte sensée, qui va de fil en aiguille découvrir la vérité sur les agissements d’un certaine personne mal intentionnée, dont les conséquences des actes se dévoileront mortelles pour les habitants des environs. Le mystère est vite éventé sur le coupable, puisqu’il est question de manipulations génétiques, mais ses intentions et ses moyens d’action offrent un suspense appréciable.

Saga, la fille d’Annika, est une jeune adolescente, un peu distante mais malgré tout sympathique. Son arrivée dans le lycée et son intégration à une bande de jeunes offre à leurs passages des tons plus légers, plus proches des préoccupations adolescentes, au risque aussi parfois de grossir le trait des clichés. Ce sont Saga et ses nouveaux amis qui vont subir cette malédiction vampire, de l’intérieur et de l’extérieur. La lente déchéance de l’un d’entre eux offre quelques scènes savoureuses, découvrant peu à peu effaré sa nouvelle condition alors qu’il est invité à un dîner chez les parents de sa petite-amie. Par la suite cette contagion vampiresque va s’étendre de plus en plus, jusqu’à exploser dans une fête de jeunes où les conséquences seront plus sanglantes qu’un mal de crâne du lendemain.

Tale of Vampires s’offre quelques moments plus légers, parfois proches d’un humour noir voire sanglant. Mais il tombe aussi dans quelques excès parfois grotesques, dans une exagération qui lui porte préjudice. Le film est terriblement séduisant quand il se fait plus calme, plus posé, jouant avec les mystères d’une menace nocturne ou les tribulations d’adolescents qui veulent profiter de la vie et qui se retrouvent confrontés à des périls contre lesquels il ne peuvent pas lutter.

Dans ses meilleurs moments, il y a une justesse dans le ton, une sobriété appréciable. Une distance peut-être toute nordique avec le sujet, si on devait user de clichés. La mise en scène de Banke est à la même échelle, exploitant cette Suède à la fois proche et exotique, plongée dans le froid. La photographie est naturelle, les décors sont réels, offrant au film un contexte plausible, ancré dans le possible, dans lequel la menace peut surgir des zones d’ombres englouties par la nuit, mais aussi de son voisin.

Il y a tout de même certaines facilités scénaristiques, quelques scènes qui peuvent poser problème (celle de la cellule dans le commissariat, peu crédible), mais malgré tout le film se tient bien. Certains acteurs sont plus à la peine, notamment dans la sélection de jeunes têtes, mais rien qui ne soit trop préjudiciable à l’appréciation générale du film.

Si le film avait persévéré dans une retenue toute nordique de son exploitation du thème vampirique, il aurait pu mieux se démarquer, offrir un récit peut-être plus mordant, allant au bout de son angoisse larvée. Une fois son passage dans un film plus démonstratif, ses défauts apparaissent d’autant plus, comme ces quelques effets spéciaux. Tel qu’il existe, Tale of Vampires est un film horrifique tout de même réussi, qui ne cherche pas à tout prix l’originalité mais qui arrive malgré tout à se démarquer du film habituel de vampire. Si le film a été boudé en Suède à sa sortie, il obtient tout de même un petit succès hors de son territoire natal, devenant même le film suédois le plus exporté de cette année.

SimplySmackkk
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le 23 août 2024

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SimplySmackkk

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7

Ce n'est pas parfait certes, mais on passe un bon moment.

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