Tamala 2010
6.3
Tamala 2010

Long-métrage d'animation de t.o.L (2002)

Tamala 2010 est un film dont la première vision ne vous laisse pas indèmme, un peu comme " crash " de D Cronenberg : ça vous secoue fortement pendant, après et longtemps après... pour ce film restreint en France pour un public de 16+ ans.

Filmé en animation Noir et Blanc avec des trait presque filiformes, le trait est minimaliste mais jamais incertain. Chaque image dégage une force renversante dans le timing des plans, la B.O, phénoménale vient mettre un accent aigü sur chaque séquence, et les mots simples et coupants comme des griffes.Dès les 1eres images on sens une forte inclinaison psychédélique dans la forme que revêt parfois le décor et par quelques effets de mise en scène.

Tamala est une petite chatte qui renait tous les ans, depuis 1869.
La première apparition de Tamala se fait dans un vaisseau en partance pour Orion. Mais un incident tragique heurte notre petite héroine, qui certes renait, mais qui en heurtant un astéroïde arrive sur ma planete Q.
Lieu d'un espace où chats et chiens s'affrontent en une guerrilla urbaine.
Tamala rencontre Michel Angélo un matou adulte, qui succombe au charme de la petite icone féline.

Selon moi le film se divise en 3 thèmes majeurs :

1) Nous faisons la connaissance de Tamala et de sa rencontre avec Michel Angelo sur la planete Q. Tamala arrive sur cette planète tel un cheveu dans la soupe ! ( tel un petit prince aussi )
Sa force et sa candeur échappant parfois à " Moi Moi " surnom attribué à Michel Angélo par cette dernière.
Naive et touchante, elle se révèle être plutot douée pour tout ! ( même voler des fringues )
Captivé par cette météorite féline, nous apprenons que Tamala est née sur la Terre des Chats et qu'elle est bien loin de son origine et de sa destination.
S'en suit une exploration psychologique de cette princesse immortelle, touchante parce que triste dans la forme et le fond, mais jamais dramatique.

Un exercice de style commence alors dans une débauche de scènes muettes saturées par une B.O phénoménale. Le soulèvement du conflit Chien-Chat filmé tel un clip !
Les scènes de combats très minimalistes débordent pourtant d'une violence inouïe mais pudique, malgrès la lenteur du découpage, qui met en valeur chaque détail sanglant.
Un Zoom de plusieurs minutes sur le trou d'une balle en plein dans la tête d'un des rebels canin n'a rien à envier à Kubrick, bien au contraire. ( Le trailer ressemble beaucoup à celui d'Orange mécanique.)

2) Le palabre du Pr Nominos qui découvre l'immortalité de Tamala à grand renfort de documents d'archives depuis 1869 à 2010. La petite frimousse de Tamala servant d'icone de Multinationale Catty and co depuis plus de cent ans.
Puis arrive la scène la plus décisive du film ou tout le secret de la conspiration est révélée par le professeur à Michel Angélo : La société Catty and co ayant utilisé comme égérie l'image immortelle de Tamala. Mais pourquoi ?

Et là,Le discours fou de Nominos nous replonge au sein d'une mythologie de plus de 3000 ans qui démontre le processus universel et mythologique, systémique de destruction-construction.
(Economique, Philologique, Mythologique) Partout nous retrouvons les traces d'un besoin de détruire afin de croitre à nouveau et re-détruire afin d'alimenter un processus vain et voué à l'échec.

Cette croissance crée des martyres ( dont Tamala est notre victime ) ...
Et elle se nourrit de sacrifices, ancestraux mais aussi contemporain : c'est le principe d'une économie de marché par laquelle : rien ne se crée dans la croissance, sans sacrifier...

A ce moment tombe cette phrase clé :
" Celui qui contrôle la communication contrôle le monde !!! " annoncé par Nominos dans sa reflexion hallucinée.

3) La messe est dite !
La dernière partie du film, nous démontre l'incrédulité de la masse consommatrice incarnée par Michel Angélo face à l'évidente schizophrénie visionnaire et géniale de leur deux auteurs.
S'en suit une débauche parfaite de scènes clip, documentaires, hypnotique, psychédélique, de leurs auteurs.

Il en ressort un film d'une force Inouïe, anticipatrice, visionnaire et malheureusement approuvée par l'Histoire. Un processus auquel on adhère depuis l'aube de l'humanité et qui se fonde sur le pouvoir de destruction pour continuer à se leurrer sur un système qui se mange lui même. Donc voué à l'échec mais auquel on adhère aveuglément plus ou moins parce qu'il n'offre pour l'instant aucune alternative.

Je met sur cet Ovni cinématographique mon premier 10/10 tant ce film est loin devant tout ce que j ai pu voir de par la force et le message visionnaire que véhicule l'oeuvre.
Silence
10
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Créée

le 31 mai 2013

Modifiée

le 2 juin 2013

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Silence

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