Tant qu'on a la santé par Garcia
Peut-être n'est-ce pas mon type d'humour. En tout cas j'ai trouvé les gags de Tant qu'on a la santé vraiment très lourds. En plus d'être franchement éculés et relativement puérils, quand les gags impliquent Pierre Etaix on a le droit à sa moue pince-sans-rire qui m'a vite énervée. Tout cela est très subjectif mais quand même, le coup du médecin qui teste les réflexes de son patient, tape un genoux et l'autre qui lève la mauvaise jambe, je trouve ça limite exaspérant. Mais il faut dire que si ses gags et son jeu auraient pu être plus fin, sa réalisation est, elle, suffisement légère pour faire passer la pillule. Car les gags ne sont pas tout dans ce film divisé en quatre parties que Pierre Etaix arrive à élever par moments au delà du simple sketch lourdingue.
La première, Insomnie, est en couleur et propose un film de vampire en monochrome argenté pas si mauvais que ça, avec de belles images, l'humour se concentrant en fait dans la lecture de ce livre de vampire qui nous est montré. Ce n'est pas d'une très grande inventivité mais c'est très plaisant.
La deuxième, Le Cinématographe, bien qu'inventive dans ses gags, est vraiment répétitive et assomante. Et puis, quand le type arrive enfin à s'asseoir (l'enjeu jusqu'à présent), miracle ! Une parodie de la publicité. A moitié réussie, encore sapée par le côté démonstratif d'Etaix, il y a tout de même de bonnes choses dans cette incursion de la publicité dans la vie quotidienne qui rappelle Truman Show, sans avoir à rougir de la comparaison. Surtout avec 30 ans d'avance.
La troisième partie, éponyme, est la plus fascinante. C'est une succession inintérompue de gags qui passe d'un sujet à un autre, d'un type d'humour à un autre, par des glissements progressifs assez étonnants. En fait c'est tout de même très lourd ici aussi, mais, au milieu de cette partie, on trouve des scènes presque surréalistes sur la conduite et ses aléas, qui sont déclinés méthodiquement dans une accumulation folle, tandis que tout le monde se force à sourire.
Dans la quatrième, Nous n'irons plus au bois, il n'y a malheureusement rien à sauver.
C'est donc un objet étrange que ce film. Etaix y développe un burlesque de la finesse d'une charge d'éléphants tout en restant assez léger dans la forme. Il se permet des envolées entre puérilité et surréalisme alors que le tout est toujours soutenu par une réalisation et une photographie plutôt élégantes.