Puissante, impériale, ambiguë, magnifique ou détestable, belle ou enlaidie, dans le contrôle ou la perte de toute maîtrise Cate Blanchett fascinante joue dans tous les registres , dont celui de la manipulation dans le mirage narcissique du pouvoir et de l’excellence. Le film nous en apprend beaucoup sur le monde de la musique classique, la gestion d’un orchestre, la place des chefs d’orchestre, d’autant plus lorsqu’il s’agit de femme au sommet de cet art qui doit prouver davantage sa valeur. Un film qui a une facture assez austère, mais sa longueur prépare ce qui se structure sous des angles différents, la mise en marche d’un destin vers une chute . C’est effectivement une femme de pouvoir plus autoritaire que manipulatrice. Un pouvoir exercé envers autrui et qui vire à l’abus de pouvoir tant elle est prise elle-même dans les mirages de sa notoriété, ( elle a dû gagner la place à laquelle elle est arrivée avec difficulté vu ses origines sociales et en tant que femme et lesbienne. ) Et dans le déni probable de son autoritarisme et des conséquences de ses paroles, de ses actes et décisions. Je trouve tout de même qu’elle fonctionne comme le font certains hommes de pouvoir. Cela a à voir avec l’Hybris, l’excès de pouvoir qu’engendre un succès trop continu, qui brouille en quelque sorte les notions de limites... avec diminution de l’empathie et du sens moral, une impulsivité. TAR est complexe, ambivalente, humaine. Entre épure et mystère se structurent l’ascension et le déclin d’une femme puissante.