Taram et le Chaudron magique
6.3
Taram et le Chaudron magique

Long-métrage d'animation de Ted Berman et Richard Rich (1985)

Zelda : Taram to the Past Strikes Back : Unexpected Journey. Reloaded.

Alors c'est l'histoire de Frodon euh.. Link.. enfin Taram, qui se fait confier l'Anneau Unique qui fait aussi Palantir sous la forme d'un cochon jovial pour partir à la recherche d'une casserole maléfique style Mafuba pour y enfermer Piccolo. Enfin le Seigneur des Ténèbres local. Il va se faire courser par des Nazguls ailés pour son fidèle et convoité goret dont il va se retrouver horriblement séparé, puis, désemparé, faire la rencontre d'un être intéressé et curieux à l'air sournois parlant de lui à la troisième personne et répondant au doux nom de Gollum. Euh.. Gurki. Celui ci va faire preuve de lâcheté (ou de bon sens) et laisser Taram à lui même qui, se retrouvant seul, sera agressé par un warg-hyène-saint-Bernard monstrueux et baveux et un groupe de souillards crasseux, sera présenté au seigneur des ténèbres et finalement retrouvera son porc diseur de bonne aventure, couinant sur l'échafaud, sur le point de devenir un salami tranché. Quelques péripéties s'en suivent puis le Biblo d'un jour se retrouve salement enfermé dans une cage nauséabonde dégueulasse garnie de tas de boue, de rats aux petits yeux cruels et de résidus de vieux cadavres desséchés. Heureusement, la princesse Zelda qu'on pourrait confondre avec Eowyn mais qui s'appelle en fait Éloïse, va venir le délivrer. Ensemble, ils vont découvrir Excalibur-sabre laser, et la quête pour le Wok infernal reprend de plus belle à travers caveaux miteux, marais spongieux et rencontres horrifiques.


Donc, Taram et le Chaudron Magique est un Disney. Un des rares "classiques" des célèbres studios que je n'avais pas encore vu. Si je ne l'avais pas vu, c'est juste que je n'étais jamais tombé sur cette VHS, et non parce qu'on me l'a déconseillé depuis que j'admet ouvertement regarder avec un plaisir tout particulier les oeuvres animées des génies dissimulés derrière ce château bleuté d'une Belle au Bois Dormant idéalisée.


Et je comprend maintenant pourquoi ce film en a rebuté plus d'un. Bizarrerie à tous les niveaux pour une oeuvre du genre, ce dessin animé des studios des rêves bleus suinte la mélancolique torture et dégobille la mort à chacune de ses scènes sans vraiment de retenue. Tout est dit, montré et balancé sans répit, sans une chanson ou même une scène légèrement cocasse ou rigolote. Non. Ici, tout est tinté d'une lourde et désarmante amertume à l'image des épaules constamment voûtées du faux héros raté, accompagné d'une bande son aux mélodies aussi belles que tristes et désespérées. Nan, ça n'est pas vraiment le Disney qui s'adresse le plus aux gosses.

Techniquement, l'animation, si elle porte la marque de moyens d'exception et d'hommes de talents, se retrouve avec l'arrière gout indécis du cul entre deux chaises, ne possédant ni la "magie" géniale et créative d'une plume à la Milt Kahl d'avant, ni la virtuosité technique observatrice d'un Glen Keane plus actuel.


Mais malgré tout... j'ai.. merde. Comment dire. J'ai été happé par ce film, par ces ambiances, cette atmosphère aussi suffocante et graisseuse de chienlit qu'elle est attrayante et fascinante d'un somptueux mystère contemplatif. L'animation fait son boulot, comblant le manque de rythme par quelques scènes superbes, d'une cruelle attirance, de la traque des pseudos dragons à l'éveil de l'armée des morts. Mais c'est surtout les décors qui laissent bouche bée, forts de leur émulsion aux teintes pastelles, aquarelles de terres délavées et contrées oubliées servant tant l'obscur que chaque étincelles d'un merveilleux tout juste endormi parfois pointant le bout d'un pétale irisé chatoyant sous cette constante lie collante de crasse figée.


Voilà près de 10 ans qu'on me parle de ce film comme fortement dispensable et je me trouve devant un souffle "heureux" et fascinant dans ce paysage actuel quelque peu lassant tant dans la fantasy que dans l'animation, entre un Bilbo le Hobbit gerbé par ordinateur et un "Ralph et le chaudron vide tapissé de magnets de placements de marques".
Surement que le fait de bouffer de l'animation à mon âge m'aide à découvrir différemment certains films comme celui ci, mais je n'vais pas m'en plaindre, et ce mal-aimé ténébreux aux reflets tragiques garde la saveur unique des teintes diluées aux profondeurs envoûtantes de l'Histoire d'un studio écrite par des mains qui ont façonné Fantasia et Pinocchio.

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le 22 avr. 2013

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zombiraptor

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