Tarantula ! tisse une large toile métaphorique où sont successivement représentées les dérives de la science et de la soif d’évolution, la peur farouche de l’envahisseur éprouvée par l’Américain patriote qui détruira la menace grâce à une intervention militaire, le besoin d’un monstre toujours plus grand toujours plus monstrueux qui trouve cependant – et c’est là le plus intéressant – son pendant en la personne du professeur. Deux échelles sont mises en constante tension, d’une part l’échelle d’un danger planétaire ayant enfin un monstre à l’image de sa grandeur, d’autre part l’échelle strictement humaine où s’activent hommes et femmes pour canaliser leur propre potentiel destructeur. C’est dans la confrontation de ces deux échelles que Tarantula ! prend le plus de sens et propose une réflexion intéressante sur la taille du Mal, rappelant ainsi que les plus grandes catastrophes peuvent être engendrées par l’homme, aussi infime soit-il. Le film repose en partie sur l’idée de prédation masculine imposée aux femmes qui, d’ailleurs, disposent de prénoms éminemment masculins (Steve, Jean) : l’étudiante se rend dans la maison de son professeur pour l’aider dans sa recherche, elle sera épiée par l’araignée, tel un voyeur, depuis la fenêtre et sauvée par notre héros. L’œuvre de Jack Arnold donne l’impression que la femme subit tantôt l’héroïsme tantôt la barbarie de l’homme, incarne une figure de médiation en parfaite adéquation avec le tournant culturel imposé par les années 50. Finissons en précisant que Tarantula ! dispose d’effets spéciaux impressionnants et révolutionnaires. De quoi rendre le spectacle, même en 2019, passionnant !