La série B a connu son heure de gloire avec un grand nombre de sorties dans le genre horrifique et Jack Arnold -avant son adaptation marquante de L'homme qui rétrécit en 1957-, nous a proposé quelques films du genre. Si ce n'est qu'il y apporte la touche supplémentaire de réflexion, de détails inattendus approfondissant son thème par un aspect technique appréciable et s'investit dans son sujet.
Avec des durées de 1h20 en moyenne on aura aujourd'hui d'autant plus de plaisir à se laisser tenter par les visionnages. On pourrait même se demander si les petits budgets propres à ce genre ne nous permettraient pas de les apprécier par leurs prouesses liées aux problématiques de production et bien sûr au côté désuet pour la nostalgie.
Arnold traite souvent de la métamorphose humaine ou animale et aborde d'une manière qui peut laisser perplexe, le thème de l'environnement et de la nature pour dénoncer la parfaite incompréhension des hommes face à l'inconnu. Malgré les dialogues qui accompagnent certains échanges, peu de cas sera fait de ces monstres, bien malgré eux et soumis à la volonté dominatrice et destructrice des hommes. Si le genre Arnold peut agacer dans sa façon d'expédier ses résolutions dramatiques, n'en reste pas moins un cinéaste remarquable et quelle que soit l'appréciation plus subjective de ses films.
On y trouve un bel hommage aux femmes à une époque d'évolution sociétale des années 50, n'hésitant pas à leur donner des métiers réservés bien souvent aux hommes, imagerie comprise notamment ici, dans la recherche, en dénonçant en même temps l'hypocrisie du geste. Un échange entre le professeur (Leo G.Carroll) et le médecin (John Agar), laissant de côté l'étudiante en biologie (Mara Corday) certainement plus à même de répondre, en est le parfait exemple.
Arnold prend le temps d'installer ses personnages, son décor désertique toujours aussi attractif, jouant de l'isolement de ses personnages pour mieux intégrer au final toute l'artillerie, avions de chasse compris, dynamite et napalm, pour une armée presque prête à incendier toute la ville pour faire tomber l'adversaire, pour souligner la peur de l'invasion.
Tarantula offre une belle réussite portée par sa photographie, son noir et blanc net et contrasté et son scénario visionnaire. La nécessité de répondre à une surpopulation mondiale et à gérer l'impact sur les ressources, nous interpellera aujourd'hui plus de 65 ans plus tard. Ce constat poussera des chercheurs à trouver un aliment organique qui dépassera leurs attentes, tant les cobayes tout à leur nouvelle nourriture en profitent à vue d'œil. La manipulation génétique par les hormones de croissance qu'ils subissent, tout comme l'Etrange créature du Lac Noir qui subira l'invasion de son territoire, renvoie constamment l'humain à ses responsabilités sans qu'un quelconque optimisme n'en ressorte.
Scientifique atteint d'Acromégalie rattrapé par ses propres expériences, Leo G.Carroll bénéficie, lui, d'un bien meilleur maquillage que ceux de l'Etrange créature du Lac noir et sa suite bien moins aboutie, qui était franchement raté. On pourra trouver la Tarentule, parfois floue, avec son insert trop visible mais on ne doute pas du clin d'oeil du cinéaste, à l'intelligence et au caractère revanchard de l'Arachnide, lors de son attaque furieuse du domicile du professeur.
Et comme il se doit de ses héros et héroïnes, ce seront de beaux jeunes hommes tout en assurance et de belles jeunes femmes aux tailles fines et aux coordonnées divers et variés, si peu pratiques dans l'effervescence de l'aventure.
Tarantula est un excellent moment aux rares baisses de rythme mais plein de surprise dans sa narration et par son parti-pris de ne pas jouer sur le spectaculaire, préférant un surréalisme ancré au réel et de rares scènes horrifiques, certaines parfaitement tendues qui pourront donner des sueurs froides aux plus sensibles.