Deuxième court-métrage de Jean Vigo après à propos de Nice (1930), ce documentaire de commande immortalise l’image du nageur champion du monde Jean Taris. Le plan où Taris nage à toute vitesse, dépassant ses concurrents, est d’une efficacité sans pareil, c’est franchement bluffant. Le court-métrage est, entre autres, un cours de nage donné par Taris et est en fait un prétexte pour filmer des scènes aquatiques (qui annoncent déjà celles de l’Atalante [1934]). Vigo filme dignement le corps dans l’eau, Taris ne nage plus, il danse. Cette idée est appuyée par les effets de style : le reverse et le ralenti s’éloignent du réalisme supposé d’un documentaire pour tendre vers quelque chose de plus sensoriel. Le visage aspirant l’air et le maillot de bain dévoilant les courbes du nageur sont filmés avec la même pudeur. Le court-métrage est subjuguant, saupoudré d’un petit peu d’humour, je pense notamment au plan où une femme s’entraîne à nager sans eau. La dernière image est poignante, poétiquement, Jean Taris, en gentleman, marchant sur l’eau, son milieu naturel, avec la même élégance que lorsqu’il nage.
29/07/23